Altérisation du familier, familiarisation de l’altérité : processus de dénaturalisation des données sur un terrain proche

Autor: Hayakawa, Miyako
Přispěvatelé: Centre Norbert Elias (CNELIAS), École des hautes études en sciences sociales (EHESS)-Avignon Université (AU)-Aix Marseille Université (AMU)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), Centre Georg Simmel, Centre Maurice Halbwachs
Jazyk: francouzština
Rok vydání: 2022
Předmět:
Zdroj: Réflexions sur l’objet anthropologique: d’une recherche de l’exotisme à une anthropologie du proche
Réflexions sur l’objet anthropologique: d’une recherche de l’exotisme à une anthropologie du proche, Centre Georg Simmel; Centre Maurice Halbwachs, Dec 2022, Aubervilliers, France
Popis: International audience; Si la notion de l’anthropologie du proche connaît de plus en plus de légitimité, les enjeux auxquels sont confrontés les chercheurs indigènes restent souvent inexplorés : afin de pouvoir avoir un esprit critique sur les données recueillies, ils doivent impérativement parvenir à « exotiser » ce qui est familier pour avoir une autre appréhension du monde (Campigotto et al. 2017 : 9), ce qui demande un travail de distanciation entre l’objet anthropologique et soi-même et une mise en question de l’univers auquel ils sont habitués. A partir de quel moment les pratiques sociales qui passaient jusqu’alors inaperçues près des chercheurs indigènes s’érigent-elles en données empiriques ? Lorsqu’ils sont eux-mêmes impliqués et imprégnés des normes de leur société d’origine, comment peuvent-ils avoir un positionnement distancié ? Cette présente communication propose de mettre en lumière le processus de dénaturalisation et problématisation des données empiriques recueillies sur un terrain dit « proche ».Anthropologue japonaise, j’ai mené une enquête de terrain en immersion auprès de migrants japonais installés en France. J’ai dès lors été prise dans une toile d’homosociabilité et de ségrégation genrée, aussi bien dans la sphère publique que privée. Dans cette communication, je présenterai la manière dont, au fil du temps, les expériences sur le terrain et le va-et-vient entre les deux pays m’ont permis de me distancer de mon univers de référence. Certaines des pratiques sociales japonaises les plus familières me sont finalement apparues comme étranges, à mesure que les notions d’« ici » et d’« ailleurs » s’inversaient pour moi. Le processus pour sortir de l’intériorité était long, progressif et jamais linéaire, car tout en étant sur un sol étranger, loin de ma famille et de mes amis proches, cette communauté des compatriotes constituait pour moi une certaine zone de confort. Une attention particulière est accordée au désintérêt général envers les travaux anthropologiques réalisés sur le Japon par les chercheurs nippons, ce qui a joué un rôle décisif sur ma posture hésitante sur la légitimité de ma recherche.
Databáze: OpenAIRE