Une découverte scientifique qui va faire le bzzz: Une équipe de Luminy a démontré que les abeilles survolant un miroir se crashaient irrémédiablement, ouvrant des perspectives dans la robotique

Autor: Mildonian, Laurence, Serres, Julien
Přispěvatelé: Institut des Sciences du Mouvement Etienne Jules Marey (ISM), Aix Marseille Université (AMU)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), Aix Marseille Université (AMU), Ce travail de recherche a été financé par Aix Marseille Université (AMU) et le CNRS.
Jazyk: francouzština
Rok vydání: 2022
Předmět:
Zdroj: La Provence
50e Colloque de la Société Française pour l'Étude du Comportement Animal (SFECA)
La Provence, 2022, 9054, pp.6
Popis: National audience; Une équipe de Luminy a démontré que les abeilles survolant un miroir se crashaient irrémédiablement, ouvrant des perspectives dans la robotique.L'expérience se déroule dans le massif de Luminy, à deux pas des calanques. C'est ici que se trouvent l'Institut des sciences du mouvement et ses chercheurs. Ici que l'association Apis Amu a installé quelques-unes de ses 58 ruches pédagogiques. Ici que les abeilles ont été invitées à parcourir un tunnel de 2 m de long, 25 cm de large et 70 cm de haut, attirées par de l'eau sucrée placée à son extrémité. Un tunnel dans lequel les chercheurs se sont amusés à manipuler les textures au sol et au plafond pour vérifier la façon dont les abeilles contrôlaient leur altitude. Six ans de travail et deux années d'application ont été nécessaires pour mener à bien cette expérimentation, qui ne pouvait être réalisée qu'en mai-juin et septembre-octobre, périodes idéales pour les abeilles qui ne "travaillent" pas à moins de 14 ºC et pour éviter que le dispositif n'entre en concurrence avec la floraison environnante.Le résultat est sans appel : "Ça a été une vraie surprise, mais quand on crée un puits sans fond en plaçant deux miroirs qui se font face, au sol et au plafond, les abeilles se crashent sitôt entrées dans le tunnel, souligne Julien Serres, maître de conférences spécialisé dans la robotique bio-inspirée et le biomimétisme, et à l'origine de cette expérience. On sait que les abeilles intègrent la vitesse du défilement du sol pour contrôler leur altitude. Avec le miroir, elles sont désorientées, perdues ; elles tombent, les unes poursuivant leur chemin en marchant, les autres rebondissant et tentant d'atteindre le bout du tunnel de façon chaotique."Aussi saugrenue qu'elle puisse paraître, cette découverte qu'on doit à l'équipe interdisciplinaire de l'Institut des sciences du mouvement - elle associe des psychologues expérimentaux aux spécialistes de la robotique - a fait l'objet d'une publication le 23 mars dans la revue Biology Letters. Car elle a une portée bien plus grande qu'on l'imagine.Faute de repères au sol, l’abeille, désorientée, ne contrôle plus son altitude."Le but est d'essayer de décrire la façon dont l'abeille capte son environnement visuel et quelles sont les informations optiques pertinentes pour son vol afin de calquer ces solutions sur les dispositifs de navigation de drones, robots et avions", poursuit le scientifique originaire de la Bouilladisse. L'équipe cherche au passage à "éduquer l'attention visuelle des abeilles afin de leur apprendre d'autres informations optiques pour moduler leur vol."D'autant que "l'abeille a 2 520 fois moins de photocapteurs que l'homme pour voir le monde et pourtant elle est une experte du vol. Exploiter toutes ses informations visuelles permet d'enrichir celles que peut utiliser un robot ou une assistance au pilotage automobile", se réjouit Julien Serres.Lauréat du Prix spécial départemental de la recherche en Provence en 2021 pour ses travaux sur un robot s'appuyant sur le biomimétisme et l'observation des fourmis du désert, il a créé AntBot, le robot fourmi qui lui a valu le 1er Prix de l'International Bionic Award 2020.Insatiable dans la quête de ce que les insectes peuvent apporter à la technologie, le chercheur travaille à monter une expérience qui permettra d'identifier la façon dont les abeilles atteignent les fleurs en mouvement.Une technique qui s'apparente à celle des ravitaillements aériens : "C'est une opération que l'homme sait mener grâce à la finesse de son analyse visuelle mais qui demeure très difficile à mettre en place entre deux drones." Les abeilles de Luminy viendront-elles à notre rescousse ?
Databáze: OpenAIRE