Effets du dispositif d'accompagnement à la création d'entreprise CréaJeunes: Résultats d'une expérience contrôlée

Autor: Crépon, Bruno, Huillery, Elise, Duflo, Esther, Parienté, William, Seban, Juliette
Jazyk: francouzština
Rok vydání: 2014
Popis: RÉSUMÉ Le dispositif CréaJeunes, lancé en 2007 par l’Adie, est un programme de formation à la création d’entreprise qui a pour objectif de promouvoir l’insertion des jeunes en difficulté. CréaJeunes consiste à accompagner les jeunes dans la préparation de leur projet de création d’entreprise par le biais de formations collectives adaptées, un suivi individualisé (avec des tuteurs) et un soutien dans la recherche de financement. CréaJeunes a été mis en oeuvre auprès de jeunes de 18 à 32 ans issus essentiellement de quartiers défavorisés. Nous présentons ici les résultats d’une expérience contrôlée mesurant les effets de l’accompagnement CréaJeunes. Cette expérience repose sur le tirage au sort des jeunes éligibles au programme CréaJeunes entre 2009 et 2011. Parmi 1445 jeunes éligibles au total, 970 ont bénéficié du dispositif CréaJeunes (groupe test) tandis que 475 n’en ont pas bénéficié (groupe témoin). Nous avons réalisé des enquêtes auprès de ces deux groupes de jeunes en moyenne 16 et 28 mois après leur entrée dans l’expérimentation. Ces enquêtes portaient sur un grand nombre de caractéristiques nous permettant d’évaluer l’impact du programme sur la situation globale des jeunes. Nous sommes en effet intéressés par l’impact de CréaJeunes sur la création d’entreprise, la performance des entreprises et plus généralement sur la situation professionnelle des jeunes ainsi que leurs revenus. Nous cherchons aussi à évaluer l’impact de la formation sur le bien-être des jeunes, mesuré par leurs conditions de vie des jeunes et leur état psychologique. Les résultats de l’évaluation montrent tout d’abord que le programme CréaJeunes constitue une réelle plus-value en termes de formation pour le public ciblé car, en son absence, seule une minorité des jeunes a eu accès à un programme d’accompagnement à la création. En effet, 29% des jeunes du groupe témoin ont suivi une formation à la création contre 74% dans le groupe test. Ces derniers ont été exposés à 4 semaines de plus de formation et ont suivi pour la majorité d’entre eux le contenu proposé par CréaJeunes avec des formations collectives et un accompagnement individuel. Ensuite, l’évaluation montre que CréaJeunes, même si elle a comblé une demande de formation non satisfaite par d’autres dispositifs, n’a globalement pas eu d’effet sur la situation économique des jeunes aux horizons de temps étudiés. Si la création d’entreprise peut apparaître comme un objectif central du programme, les résultats montrent cependant que les jeunes formés n’ont pas plus créé leur entreprise que les jeunes du groupe témoin. CréaJeunes augmente très légèrement la probabilité (de 4 points de pourcentage) de création d’entreprise d’une catégorie spécifique de jeunes, ceux qui n’avaient pas encore créé 16 mois après le début de l’expérimentation mais avaient encore le projet de le faire. Cependant ces jeunes ont finalement arrêté l’activité avant le 28ème mois. On observe également que l’appui a eu pour effet de retarder la création d’entreprise. L’évaluation reporte aussi un effet plutôt négatif de la formation sur le chiffre d’affaires des entreprises effectivement créées. En effet le chiffre d’affaires est plus faible pour les jeunes du groupe test : une réduction de 44% du chiffre d’affaires du dernier mois par rapport au groupe témoin à 16 mois et une diminution de 36% pour le chiffre d’affaires moyen depuis le début de l’activité à 28 mois. Il est possible que cette performance moindre vienne en partie du décalage du moment de la création. CréaJeunes a toutefois permis d’accroître légèrement la probabilité d’accès au microcrédit (de 4 points de pourcentage). En conséquence, le programme n’a pas eu d’effet sur le revenu tiré de l’activité. En termes de situation professionnelle, CréaJeunes a eu un effet négatif limité sur l’emploi salarié et le travail en intérim dans le court terme, qui est allé de pair avec une légère hausse du chômage (et une légère augmentation des allocations). Ces effets n’ont pas eu de conséquence à moyen terme puisque la situation professionnelle des deux groupes est redevenue semblable 28 mois après le tirage (les écarts existent encore mais ne sont plus significatifs). En fin de compte, le programme n’a pas eu d’effet sur le revenu disponible des jeunes. Globalement, les résultats suggèrent que les jeunes ayant participé à CréaJeunes ont été en position d’attente (liée à la durée de la formation) expliquant le décalage en termes de création d’entreprise et de recherche d’emploi par rapport aux jeunes du groupe témoin. En termes d’impact sur le bien-être des jeunes, nous évaluons l’effet de la participation à CréaJeunes sur des indicateurs de conditions de vie ainsi que sur l’état psychologique des jeunes. Etant donné que CréaJeunes n’a pas eu d’effet sur la création d’entreprise, le fonctionnement de l’entreprise, la situation professionnelle et les ressources disponibles, l’impact attendu sur les conditions de vie est limité. Nous constatons en effet que les niveaux de consommation, possessions de biens et habitudes de consommation étaient identiques entre groupe test et témoins à 16 et 28 mois après le début de l’expérimentation. Nous observons cependant un effet négatif sur l’endettement personnel (une réduction de 5 points de pourcentage à 16 mois et de 7 points de pourcentage (28 mois)) qui s’est accompagné d’une baisse presque équivalente de l’accès à la propriété. Cette baisse d’accès au crédit semble provenir de l’augmentation du temps passé en recherche d’emploi suite à la participation au programme. Enfin, concernant l’état psychologique des jeunes ciblés, on observe que l’accès au programme a rendu les jeunes un peu plus impatients. Ils ont été aussi moins nombreux à démontrer des niveaux très élevés d’estime de soi. En revanche, les jeunes à qui le programme a été proposé ont été moins nombreux à connaître un état de bien-être psychologique très bas.
Databáze: OpenAIRE