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CONTEXTE : La reconnaissance des émotions faciales appartient au domaine de la cognition sociale qui entretient des relations étroites avec plusieurs pathologies psychiatriques et addictologiques. Une altération de la REF peut entrainer des difficultés relationnelles et mettre en péril le processus de soin. Peu d’études existent chez les patients souffrant de trouble lié à l’usage d’opioïdes. C’est pourquoi nous avons créé le protocole REMOFA.OBJECTIF : L’objectif principal de notre étude était d'évaluer les capacités en reconnaissance des émotions faciale dans un échantillon de patients souffrant d’un TUO stabilisé sous traitement substitutif opioïde depuis au moins 3 mois. Les objectifs secondaires étaient de comparer les scores de REF de notre échantillon à un groupe contrôle et à un groupe de patient souffrant d'un trouble lié à l'usage d'alcool (11,120) , d'étudier spécifiquement les scores pour les différentes émotions, et enfin d'évaluer si les patients déficitaires en REM présentaient un profil clinique particulier.MÉTHODE : Nous avons recruté 39 patients suivis en ambulatoire dans le service d’addictologie et de pathologies duelles du CHU de Clermont-Ferrand. Nous avons recueilli au sein d'un e-CFR leurs caractéristiques socio-démographiques. Les patients ont également été évalués sur le plan psychiatrique à l’aide de la MINI DSM-IV, et sur le plan addictologique à l’aide des critères du DSM 5. Nous avons enfin évalué la REF grâce à l'échelle de Trouble de la Reconnaissance des Émotions Faciales (TREF), par la mesure du score de détection total, des scores de détection par émotions, de la mesure des scores d’attribution par émotions et de la mesure des seuils de détection par émotions.RÉSULTATS : Nos patients présentent un déficit en Reconnaissance des Émotions Faciales, avec un score de détection total à la TREF de 67.9 % ± 8.9 de bonnes réponses, significativement inférieur à celui retrouvé en population contrôle (76.5 ± 7.4) et significativement supérieur à une population TLUA (64 ± 9.8). Ils ont une bonne reconnaissance de certaines émotions : joie, tristesse, colère et peur; tandis que le mépris et le dégoût sont moins bien reconnus. Les seuils de détection sont plus élevés que dans la population générale pour la peur, la tristesse, le dégoût et le mépris. Colère et joie sont dans la moyenne. Les pourcentages d’attribution par émotions dans notre échantillon mettent en évidence une sur-représentation de la joie et de la tristesse. La peur et le dégoût sont, au contraire, sous-attribués. Les patients déficitaires sont significativement plus âgés et plus consommateurs de cannabis.CONCLUSION : Les sujets souffrant d’un TUO stabilisé présentent un déficit en reconnaissance des émotions faciales (REF). Celui-ci est significatif par rapport à une population contrôle. Les patients déficitaires sont plus âgés et plus consommateurs de cannabis. Cette altération de la REF est donc avérée dans cet échantillon et pourrait contribuer à une moins bonne observance aux soins en perturbant les capacités relationnelles et émotionnelles de ces patients. |