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La fin de l’année 2019 et le début de l’année 2020 ont été le théâtre de la plus grande grève connue en France. Contre la réforme par points des retraites élaborée par le gouvernement Philippe, les syndicats se sont mobilisés – et particulièrement dans le secteur des transports - pour défendre leurs conditions. Nous nous sommes demandés comment et par quel(s) type(s) de communication, du militantisme au lobbying, les syndicats pouvaient faire valoir leurs conditions auprès des décideurs publics. Pour répondre à cette question, nous avons analysé le rôle de l’UNSA, qui a la particularité d’être l’un des syndicats majoritaires dans le secteur des transports, mais non représentatif au niveau national.Dans un premier temps, dans un contexte où l’influence des corps intermédiaires et où une certaine violence des manifestations issues de certains mouvements sociaux ont été critiqués par le parti au pouvoir, le positionnement stratégique dans l’échiquier syndical joue un rôle important dans le lobbying des syndicats. À travers l’utilisation de signes communicationnels relevant du dialogue et du progressisme, et la figure du manager que représente le Secrétaire général, les organisations syndicales s’ouvrent la porte aux négociations avec les décideurs publics.Ensuite, le poids du collectif constitue en soi un véritable outil légitimant auprès des médias et de l’opinion publique, et participe à mettre à l’agenda politique les mesures souhaitées par les syndicats. Plusieurs stratégies collectives de lobbying, à l’image de la pratique de l’amendement ont été réalisées, et assumées, dans le cadre de cette réforme des retraites. Cette force du groupe est néanmoins à relativiser dans le sens où s’en détacher représente un véritable effet d’aubaine dans l’ouverture au dialogue auprès des décideurs publics.Enfin, il apparaît un certain renouveau des ressorts historiques d’influence des syndicats, comme la grève, qui sont confrontés au développement de nouvelles instances de débat, incarnées par l’apogée des réseaux sociaux ou la réforme du Conseil économique, social et environnemental. La voie s’ouvre donc vers un lobbying modernisé, davantage accessible et orienté vers l’opinion des citoyens.De cette manière, l’analyse des cas étudiés nous permet de désamorcer la critique qui reposerait sur l’idée d’une « crise syndicale », au moins en termes d’influence. La progression et la structuration des syndicats dans les pratiques de la communication et du lobbying ouvre le débat sur leurs capacités à moderniser leurs effectifs et leur répertoire d’action. |