Popis: |
Le trail, compétition pédestre se déroulant en environnement naturel est une discipline en plein essor en France. Cet essor se traduit par une augmentation du nombre de pratiquants et une multiplication des courses aux formats variés en termes de kilométrage et de dénivellation. Certaines de ces courses sont organisées par étapes, représentant des contraintes physiologiques spécifiques, du fait de la répétition quotidienne d’efforts. Le sommeil, élément majeur de la récupération et de la performance est à ce jour peu étudié dans ce contexte. L’objectif principal du présent travail est d’évaluer l’impact d’une épreuve de trail par étapes sur l’évolution des paramètres objectifs du sommeil en compétition et au cours des nuits suivant la course. Notre hypothèse est que ces épreuves par étapes seraient associées à une détérioration progressive de la durée et de la qualité de sommeil, et à leur normalisation dans les jours suivant l’épreuve. Cette étude observationnelle transversale a été conduite du 21 au 28 août 2018 au cours de l’Ultra Tour des 4 Massifs (UT4M) challenge, épreuve de trail se déroulant sur les massifs environnant Grenoble, constituée de 4 étapes de 40 kilomètres, réparties sur 4 jours de course. 20 traileurs ont été inclus et 16 ont bénéficié d’un enregistrement du sommeil au moyen d’un dispositif ambulatoire validé (Bandeau DREEM), au cours des 2 nuits précédant la course, des 4 nuits au cours de la course et pendant 2 nuits consécutives après course (récupération). Comparativement à la pré-course, une réduction significative du temps de sommeil total était observée en course. Les athlètes malgré des heures de lever précoces imposées par la course n’adaptaient pas leurs heures de coucher en conséquence. Les indices de fragmentation du sommeil augmentaient tout au long de la course sans toutefois altérer l’efficacité du sommeil. Les pourcentages de sommeil lent léger et lent profond augmentaient durant les premières nuits de course. Le pourcentage de sommeil paradoxal diminuait significativement en course, et un rebond de sommeil paradoxal était observé lors des nuits de récupération. Ce dernier peut être expliqué par un processus homéostasique de rattrapage du sommeil paradoxal lors des nuits de récupération du fait de la privation de sommeil induite en course. Les horaires de coucher des traileurs mettent en lumière le manque de connaissance et de mise en pratique des règles élémentaires d’hygiène de sommeil qui auraient impliqué d’ajuster l’heure de coucher en fonction de l’heure prévisionnelle de lever afin de couvrir les besoins intrinsèques de sommeil. La réduction du temps de sommeil total pourrait avoir un impact négatif sur la vigilance diurne, le risque de blessure et la sécurité des coureurs. Dans le cadre d’une démarche préventive et d’une pratique sportive en santé, le professionnel de santé a un rôle de prévention par la communication des stratégies à mettre en place pour garantir une hygiène de sommeil la plus adaptée possible en compétition et en phase de préparation et de récupération. |