Le ludique

Autor: Véron, Laélia
Přispěvatelé: Centre d'études politiques contemporaines (CEPOC), Pouvoirs - Lettres - Normes (POLEN), Université d'Orléans (UO)-Université d'Orléans (UO), Institut d’Histoire des Représentations et des Idées dans les Modernités (IHRIM), Université Jean Moulin - Lyon 3 (UJML), Université de Lyon-Université de Lyon-Université Lumière - Lyon 2 (UL2)-Université Jean Monnet [Saint-Étienne] (UJM)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)-Université Blaise Pascal - Clermont-Ferrand 2 (UBP)-École normale supérieure - Lyon (ENS Lyon)-Université Clermont Auvergne [2017-2020] (UCA [2017-2020]), CNRS Editions
Jazyk: francouzština
Rok vydání: 2021
Předmět:
Zdroj: L’Empire du rire
CNRS Editions. L’Empire du rire, pp.261-278, 2021
Popis: Ce document est la version auteur (pas la dernière version publiée); International audience; Toute activité humaine mettant en œuvre des moyens au service d'une fin, on aurait , avec le travail et le jeu, deux extrêmes évanescents : le premier purement hétérotélique et le second purement autotélique. Le rire ludique est donc d’abord défini par cette gratuité : il trouve sa propre fin en lui-même. Quand on rit en jouant, on ne rit pour rien, si ce n’est par plaisir. Mais cette gratuité est-elle absolue ? Le jeu semble renvoyer, en dernière instance, à un besoin, comme l'explicite Nietzsche dans un paragraphe d'Humain, trop humain.La dimension gratuite du ludique est également remise en cause par la notion même de règles, qui accompagnent le jeu et sont présentes dès que le jeu prend une dimension collective (voire dans une pratique solitaire) pour se donner le moyen de clore les différentes parties. Dans le cas contraire, on a affaire à des jeux dont on ne sait pas quand ils se terminent ni qui en sort vainqueur, à la manière de la « course au caucus » mise en scène par Lewis Carroll au début d'Alice au pays des merveilles. Le ludisme prend encore une fois un tour inquiétant : les participants sont désarçonnés, ils pressent le Dodo de rétablir des règles et donc de donner un sens au ludisme. Si Alice a envie de rire, c’est plus à cause de l’absurdité de la situation que du plaisir du jeu, tous les participants sont, eux, très sérieux. On touche là au caractère paradoxal du ludisme : si le rire semble pouvoir s’épanouir pleinement dans le jeu (rire gratuit, rire enfantin), le jeu ne s’accompagne pas forcément de rires. Une partie d’échecs ne suscite pas le rire. Avec la notion de règles, on touche alors à une autre ambiguïté du jeu, à savoir une fonction classante et hiérarchisante qui remet en cause l’idée de la gratuité pure du rire ludique.
Databáze: OpenAIRE