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Historically, female genital modification practices such as female circumcision, clitoridectomies, sutures and other interventions on the hymen have been observed in different geographical areas and times. Far from being disqualified by the advent of modern medicine, some of these practices, or their repair, have been assimilated by the medical sector, and thus legitimized. Advances in the biomedical sphere since the 1970s have opened up a new medical field around the surgical techniques of female genital (re)construction. The thesis focuses on two surgical practices of "reconstruction", that of the restoration of the hymen (hymenoplasty) and that of the reconstruction of the clitoris after an excision, while questioning their circulation between France and North Africa - Egypt and Tunisia, their modalities of transmission and adaptations to different national and sub-national contexts. Questioning the circulation of medical techniques "of the intimate" and the conceptions of genital "reconstruction" allows us to approach several fields. Indeed, several works have focused on these reconstructions in the European context of immigration. Nevertheless, their implementation and circulation in the countries of origin, linked to the mobility of health professionals∙les, patients and the circulation of medical knowledge has not been the subject of scientific work in social sciences until now. It is therefore a multi-sited global approach to the study of medical practices dealing with female intimacy and the idea of (re)constructing women's gender that has been implemented and which tends in this way to overcome certain ethnocentric biases. How do these surgeries fit into gender and class relations, as well as into North-South relations, in these different socio-cultural contexts? How do they unfold in a new paradigm of global health where migratory phenomena and circulation of practices are juxtaposed? These techniques are both articulated with so-called "traditional" or "cultural" imperatives and thus seem to be part of normative circumvention processes implemented by women. Anatomical myths and a structural production of ignorance -analyzed through the prism of ignorance studies- about the female genitalia are at the heart of these surgical requests. The methodology developed combines multi-sited research through interviews (n=65) with doctors, women and actors∙trices from institutions or associations gravitating around these medical procedures, as well as ethnographic observations in the medical environment and in patients' discussion groups. A textual study of a press corpus (n=204 articles) in the French media context affecting the representation of these surgeries in the public space completes this research. Numerical data on the frequency of minority medical procedures and socio-demographic data were mobilized according to their availability in the different contexts studied. What emerges from this study is that these surgeries are identified in the medical discourse of the practitioners∙nes interviewed as ethnic practices-or at least socially situated in spaces where people are more heavily subjected to "culture." They are also embedded in circulations and adaptations related to identity discourses on sexual nationalism. All the discourses collected have a culturalizing and altering dimension with respect to the socio-cultural groups to which the patients belong. These processes materialize in a differentiated way according to the places of study. These surgeries always seem to play an integrating role on the body level either to maintain oneself in a social environment or to adapt to a new environment or context.; Historiquement, se sont observées dans différentes zones géographiques et époques des pratiques de modifications génitales féminines comme l'excision, des clitoridectomies, des sutures et autres interventions sur l'hymen. Loin d'être disqualifiées par l'apparition de la médecine moderne, certaines de ces pratiques, ou leur réparation, ont été assimilées par le secteur médical, et de ce fait, légitimées. Les progrès de la sphère biomédicale depuis les années 1970 ont ouvert un nouveau champ médical autour des techniques chirurgicales de (re)constructions génitales féminines. La thèse se concentre sur deux pratiques chirurgicales de « reconstruction », celle de la restauration de l'hymen et celle de la reconstruction du clitoris après une excision, tout en questionnant leurs circulations entre la France et l'Afrique du Nord - Egypte et Tunisie -, leurs modalités de transmission et d'adaptation à des contextes nationaux et sub-nationaux différents. S'interroger sur la circulation de techniques médicales « de l'intime » et les conceptions du « reconstruire » génital, permet d'aborder plusieurs terrains. En effet, plusieurs travaux se sont intéressés à ces reconstructions dans le contexte européen d'immigration. Néanmoins, leur implantation et la circulation dans les pays d'origine, liées à la mobilité des professionnel∙les de santé, des patientes et la circulation des savoirs médicaux n'a, jusqu'à présent, pas fait l'objet de travaux scientifiques en sciences sociales. C'est donc une approche globale multi-située de l'étude de pratiques médicales traitant de l'intime féminin et de l'idée de (re)construire le sexe des femmes qui a été mise en œuvre et qui tend en cela à dépasser certains biais ethnocentrés. En quoi ces chirurgies s'inscrivent-elles dans des rapports de genre, de classe, ainsi que dans les rapports Nord-Sud, dans ces différents contextes socio-culturels ? Comment celles-ci se déploient-elles dans un nouveau paradigme de santé globale où se juxtaposent des phénomènes migratoires et de circulation de pratiques ? Ces techniques s'articulent toutes deux avec des impératifs dits « traditionnels » ou « culturels » et semblent ainsi s'inscrire dans des processus de contournements normatifs mis en œuvre par les femmes. Des mythes anatomiques et une production structurelle d'ignorance -analysée au prisme des ignorance studies - sur l'appareil génital féminin se retrouvent alors au cœur de ces demandes chirurgicales. La méthodologie développée conjugue une recherche multi-située par entretiens (n=65) avec des médecins, des femmes et des acteur∙trices d'institutions ou d'associations gravitant autour de ces procédures médicales, ainsi que des observations ethnographiques dans le milieu médical et dans des groupes de paroles de patientes. Une étude textuelle d'un corpus de presse (n=204 articles) dans le contexte médiatique français touchant à la représentation de ces chirurgies dans l'espace public vient compléter cette recherche. Des données chiffrées relatives à la fréquence des actes médicaux minoritaires et des données socio-démographiques ont été mobilisées selon leur disponibilité dans les différents contextes étudiés. Il ressort de cette étude que ces chirurgies sont identifiées dans le discours médical des praticien∙nes interrogé·es comme des pratiques ethniques - ou au moins socialement situées dans des espaces où les personnes sont plus fortement soumises à la « culture ». Elles s'inscrivent aussi dans des circulations et des adaptations en lien avec les discours identitaires sur le nationalisme sexuel. Tous les discours collectés ont une dimension culturalisante et altérisante vis-à-vis des groupes socio-culturels auxquels appartiennent les patientes. Ces processus se matérialisent de manière différenciée selon les lieux d'étude. Ces chirurgies semblent toujours jouer un rôle intégrateur sur le plan corporel soit pour se maintenir dans un milieu social, soit pour s'adapter à un nouveau milieu ou contexte. |