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/ Depuis le Grenelle de l'environnement, la préservation des réseaux écologiques est devenue une préoccupation environnementale forte qui vise à s'inscrire dans des politiques concernant la gestion de l'espace. Dans les zones d'élevage, au-delà de l'aspect réglementaire, cette préservation dépend fortement du maintien de la trame bocagère et des proximités entre des éléments semi-naturels tels que les haies, les arbres isolés, les prairies naturelles ou les zones humides. Il est donc important d'identifier les motivations et pratiques d'éleveurs vis-à-vis de ces éléments semi-naturels qui sont rarement considérés comme une composante de l'activité agricole; ceci doit aider à repérer les leviers qui, au niveau de l'exploitation, sont favorables au maintien de la trame bocagère. Dans cette perspective, une enquête a été réalisée auprès de 16 éleveurs dans 3 communes bocagères voisines de la Plaine du Forez (42) inscrites dans un périmètre de mesures agroenvironnementales territorialisées (MAET) visant la préservation de l'eau et de la biodiversité. Les questions ont porté plus particulièrement sur les motivations et engagements dans des pratiques de préservation des prairies naturelles, des haies, des arbres isolés et des étangs, et sur les caractéristiques du système de production (conditions d'installation, dimension, type de production animales et végétales, engagement dans des MAET). Après analyse des discours d'éleveurs, trois profils d'agriculteurs se dégagent: 1) des éleveurs gérant de grandes structures [80 à 110 ha de surface agricole utile (SAU)], avec des bovins lait ou allaitant et plus de la moitié de la SAU en prairies permanentes (PP), proches de la retraite (56 ans en moyenne), portant un intérêt essentiellement agricole aux haies et prairies naturelles, mais non engagés dans les MAET ; 2) des éleveurs gérant des structures de dimensions très variées (37 à 137 ha de SAU) avec des bovins lait ou allaitant, présentant une part significative de terres cultivées dans la SAU (2/3), moins proches de la retraite que les précédents (53 ans en moyenne), portant eux aussi un intérêt agricole aux haies et prairies naturelles, tout en s'engageant modérément dans des MAET (31% de la SAU) ; 3) des éleveurs plus jeunes (46 ans en moyenne) avec de grandes structures (75 à 110 ha de SAU) en bovin allaitant, dont la part de prairies permanentes dans la SAU est soit très forte (plus de 85% de SAU en PP), soit faible (moins de 50% de SAU en PP) ,manifestant un intérêt multifonctionnel pour les haies, et étant très engagés dans des MAET (80% de la SAU). Ces trois profils d'éleveurs se distinguent aussi quant au changement de pratiques pour la gestion d'éléments semi-naturels. Le premier est réticent à adopter de nouvelles pratiques et de nouveaux modes de gestion de leur surface du fait d'une prochaine cessation d'activité ou d'une double-activité qui oblige une forte simplification du travail. Le deuxième modifie ponctuellement des pratiques en faisant surtout référence aux changements réglementaires ou de marchés pour justifier ces changements. Le troisième modifie plusieurs de ses pratiques en lien direct avec le cahier des charges des MAET, mais en modifient aussi d'autres malgré un système « en allure de croisière ». Ceci montre l'hétérogénéité des comportements d'éleveurs d'une même zone quant aux pratiques de préservation des éléments semi-naturels de l'espace. Ceci montre aussi que la préservation des réseaux écologiques dans les espaces agricoles n'est pas conditionnée par les mêmes leviers professionnels et personnels selon les perspectives et dynamiques professionnelles des éleveurs de la zone |