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Les paysages anthropisés, fortement influencés par les activités humaines, couvrent des surfaces terrestres croissantes et ont un rôle significatif à jouer pour la conservation de la biodiversité et des services écosystémiques. La construction de paysages anthropisés durables nécessite de mieux les comprendre, en termes de structure et dynamique écologiques, mais aussi d’acteurs et de pratiques qui les façonnent. Cet objectif requiert l’élaboration de cadres conceptuels et d’approches à l’interface entre l’écologie et les sciences sociales, en particulier dans l’optique d’étudier le lien entre les représentations, les décisions et l’action des gestionnaires d’une part, et les paysages qui en résultent d’autre part. Des enquêtes auprès d’agriculteurs ont été réalisées dans cette perspective dans le Sud-Ouest de la France, au niveau d’un paysage agroforestier. Ces enquêtes se sont concentrées sur les représentations et la gestion des espaces arborés qui, de par leur contribution pour la production de services de production, de régulation et culturels, constituent des éléments importants de la durabilité des paysages agricoles. Vingt-quatre agriculteurs ont été rencontrés dans le cadre d’entretiens semi-directifs et, avec 19 d’entre eux, des entretiens approfondis ont établi des modèles mentaux individuels synthétisant les services et disservices perçus liés aux espaces arborés des exploitations agricoles. Les agriculteurs ont identifiés un total de 28 services (7,1 ± 1,7 en moyenne par agriculteur) et 14 disservices (3,1 ± 0,7 par agriculteur) associés à 9 grands types d’espaces arborés. Certains services et disservices sont spécifiques à certains types d’espaces tandis que d’autres sont génériques. L’utilisation du concept de services écosystémiques s’est révélée utile pour analyser les représentations. L’utilisation des modèles mentaux a mis en exergue les liens entre les espaces arborés, les services et les acteurs. L’intégration de la notion de disservices a été particulièrement pertinente pour appréhender les représentations des agriculteurs, faisant ressortir les compromis que ces derniers opèrent pour gérer les espaces arborés. A l’inverse, la notion de services s’est révélée moins pertinente pour appréhender la valeur intrinsèque, ou de non usage, que les agriculteurs attribuent à certains arbres. Finalement, cette étude montre que la notion de disservices est cruciale pour l’analyse des représentations des gestionnaires des paysages, un constat partagé par la littérature mais trop peu mis en pratique. Au-delà de cette étude, il conviendra de vérifier si les différences de représentations analysées à travers les services et disservices perçus se traduisent dans les faits par des gestions contrastées du paysage selon les gestionnaires. |