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Dans la mouvance de la promotion de la formation tout au long de la vie au niveau européen (EC, 1993,2000 ;2010), et plus particulièrement du rôle que doivent désormais y jouer les systèmes européens d’enseignement supérieur, nous avons observé en Belgique francophone, depuis une vingtaine d’année, le foisonnement de certificats universitaires. Ces programmes, tout en s’inscrivant dans le cadre Européen des Qualifications (niveau 7 ou parfois 6, et porteurs de 10 crédits ECTS minimum), résultent pour une très large majorité d’initiatives d’enseignants universitaires, initiatives proches de démarches entrepreneuriales. Il s’agit en effet d’identifier des besoins en formation, le plus souvent dans des domaines professionnels particuliers, de construire une offre de formation et d’établir un budget prévisionnel visant, a minima, l’équilibre entre les dépenses et les recettes. Par ailleurs, ces certificats ne font pas l’objet d’une régulation publique, ce qui contribue à leur développement selon une logique de marché. Cette communication veut présenter quelques résultats produits lors d’une analyse sociologique du phénomène, en se basant sur les développements de certificats dans trois grandes universités de Belgique francophone, et en croisant la sociologie des conventions (Boltanski & Thévenot, 1991 ; Boltanski & Chiapello, 1999) avec le concept d’objet-frontière (Star & Griesemer, 1989). A partir d’une analyse de dossiers d’agrément de certificats interuniversitaires, d’entretiens menés avec certaines autorités académiques (vice-recteurs à l’enseignement et doyens) et des « enseignants-entrepreneurs » porteurs de ces certificats, cette communication vise à mettre en lumière la façon dont les certificats, en tant qu’objets-frontières, parviennent à faire tenir des situations où se rencontrent des principes de justification différents : réponse à une demande sociale, opportunité de diversifier ses activités à partir d’un changement de contexte légal, diffusion de nouveaux modèles interprétatifs issus de la recherche, contribution à l’employabilité de la région, identification de nouveaux terrains de recherche,... Ces justifications seront mises en perspectives avec les discours européens sur le rôle que doit jouer l’enseignement supérieur en matière d’éducation et de formation tout au long de la vie. |