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À l’ère du numérique, le processus de rationalisation caractérisé par le fait que l’ensemble des individus agiraient ou devraient agir de la façon la plus calculée possible questionne et fait muter le métier de l’architecte. Cela s’est d’abord retranscrit dans un style architectural, le rationalisme puis par l’invention de la géométrie descriptive et plus récemment, par le développement d’outil pour informatiser le processus de conception tel que les TICS, le DAO, la CAO ou encore le BIM. Mais la rationalisation n’a pas atteint ses limites, une des prochaines étapes qui est déjà en cours est l’externalisation de bon nombre de nos routines mentales par les IA’s. Cette externalisation est rendue possible, car les cyber-concepteurs, dépassent les capacités cognitives des concepteurs dans des tâches bien spécifiques. De plus, tout comme les humains-sujets, certains cybers-sujets sont désormais capables de capter des données, de les traiter et d’agir sur le réel de façon autonome. Ce faisant, le processus de conception peut exister, du moins en partie, sans qu’un concepteur ne soit inclus dans la boucle. La conception architecturale dépend de la compréhension du monde des concepteurs qui la pensent. Un processus de conception est modélisable d’un point de vue cognitiviste comme un système dynamique de captation de données et de traitement d'information dont les éléments d’entrée émanent du réel et les éléments sortants agissent dans le réel. Au sein du processus, les flux informationnels créent une boucle de rétroaction qualifiant le processus de conception de cyclique. Il modifie, à la fois la vision du réel des acteurs du projet, et le réel lui-même. D'un côté, les intrants (inputs) proviennent de la captation et du transfert de data au cours duquel chacun expérimente son rapport au réel. De l'autre, les extrants du système (outputs) produit des raisonnements et de la captation de data. De ce postulat, l’intégration des cybers-concepteurs – pouvant être modélisés, à l’instar des concepteurs, comme des êtres de communication à part entière – dans le réseau de conception fait émerger de nouvelles pratiques, transforme celles existantes et requalifie le rapport au monde. Cependant, bien qu’à la fois les sujets et les cyber-sujets soient désormais capables de processus de conception ils n’ont pas pour autant les mêmes aptitudes et les mêmes distorsions cognitives. Les concepteurs sont performants notamment dans l’exploration de l’inconnu et dans la résolution de problème dit complexe par leur esprit critique générant une vision d’ensemble. Tandis que les cyber-concepteurs sont performants notamment dans l’optimisation des tâches, leur algorithmique procédurale et dans la résolution de problèmes dit compliqué par leur capacité de traitement d’une grande quantité de ressources. À une époque où les effets de l'ère digitale, tels que l’externalisation de nos routines mentales par les intelligences artificielles, font apparaître, évoluer ou disparaître de nombreuses professions, cette contribution explore une des raisons pour laquelle les cybers-concepteurs ne pourront pas remplacer les concepteurs. L’ambition de la recherche entreprise est d’articuler la cognition naturelle et artificielle dans l’espace de conception en architecture permettant alors d’intégrer toute la complexité liée aux enjeux actuels et futurs. |