Popis: |
Après avoir retracé le contexte de crise qui touche le Sénégal et Dakar depuis le début des années quatre-vingt et montré ses conséquences sur l'emploi, nous analysons, à partir des données issues d'une enquête biographique conduite à Dakar en 1989, le répercussions de la crise sur le déroulement de la vie matrimoniale des hommes. La crise qui touche particulièrement les jeunes gens en restreignant leur accès à l'emploi, les conduit à différer leur mariage. Cette crise fragilise aussi les couples et accentue le risque de divorce. A Dakar, entre la génération la plus âgée (1930-1944) et la plus jeune (1955-1964), on relève un recul de l'âge médian au premier mariage de 7 ans, passant pour les hommes, de 26 à 33 ans. Ce recul concerne spécifiquement une population urbaine, née ou socialisée à Dakar, et son ampleur est bien plus grande que pour l'ensemble du pays. La combinaison d'un certain nombre de facteurs culturels et économiques peut expliquer ce recul, mais ce sont surtout des facteurs économiques (le chômage en particulier) qui freinent l'entrée en première union. Devant l'ampleur de la crise, les hommes hésitent à s'engager dans une union, sachant qu'ils devront assumer l'essentiel des dépenses du ménage. La crise accroît le décalage entre les aspirations et les potentialités économiques individuelles. Les situations de précarité du mari (chômage, manque de logement) favorisent le divorce de la première épouse. Le mari doit assumer en principe les charges du ménage ; lorsque sa situation économique se dégrade, l'union se trouve fragilisée. Le défaut d'entretien de l'épouse est souvent avancé comme cause de divorce. Les mutations concernant le mariage et le divorce révèlent des comportements nouveaux, qui se sont fortement répandus ces dernières années et constituent autant de révélateurs des conséquences de la crise de Dakar. (Résumé d'auteur) |