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La mise à l’écart est intrinsèque à la condition humaine : la singularité d’une conscience humaine, limitée à sa propre capacité de réceptivité et d’intellection du monde qui l’entoure, la sépare inévitablement d’autrui. Par divers procédés, NDiaye parvient avec habileté à faire signifier littérairement la présence de cette distance - et distanciation - irrémédiable. Dans le cadre de cette étude, nous analysons les procédés de distanciation au sein de trois romans de Marie NDiaye, à savoir : En famille (1991), Rosie Carpe (2001) et Mon cœur à l’étroit (2007). Cette étude entend attirer l’attention du lecteur sur la cohérence thématique, formelle, stylistique et linguistique qui cimente l’ensemble de l’œuvre de NDiaye par l’analyse des procédés de distanciation de son écriture. Pour cela, nous étudions trois formes de distance récurrentes privilégiées par l’auteure pour rendre le mal-être de ses personnages : nous abordons l’étrangeté dans sa caractéristique principale, à savoir la présence de cruauté, en nous focalisant sur la cellule sociale où elle est de fait la plus poignante et en identifiant son mécanisme d’apparition chez les personnages et chez les protagonistes. L’analyse des formes de discours révèle quant à elle les techniques privilégiées par l’auteure pour rendre la vie psychique de consciences isolées dans la douleur de l’abandon. Nous examinons finalement comment les personnages se comportent face à l’ambivalence de leur volonté d’acquisition de connaissances pour les aider à comprendre leur environnement et les raisons de leur exclusion, et leur difficulté fondamentale à y parvenir harmonieusement. |