Les différents parcours offerts par l'Education Nationale procurent-t-ils les mêmes chances d'accéder à l'emploi?

Autor: Florent Fremigacci, Yannick L'Horty, Loïc Du Parquet, Pascale Petit
Rok vydání: 2012
Předmět:
Popis: Cette étude évalue les effets de différents parcours de la voie professionnelle offerts par l'Education Nationale sur les chances d'accéder à l'emploi, toutes choses étant égales par ailleurs. Les évaluations sont réalisées sur des données expérimentales construites à l'aide d'une campagne de testing réalisée entre avril et juillet 2011 dans la région Ile de France. 9 profils de candidatures fictifs ont été construits de toutes pièces et envoyées en réponse aux mêmes offres d'emploi. Deux professions en tension ont été examinées : les plombiers dans le bâtiment et les serveurs dans la restauration. Au total 584 offres d'emploi localisées en Ile-de-France ont été testées, ce qui correspond à l'envoi de 5256 candidatures fictives. L'objectif de ce testing vise à évaluer et comparer les chances d'accès aux entretiens d'embauche des 9 jeunes candidats fictifs. La comparaison des taux de succès des candidats, considérés deux à deux, permet de mettre en évidence trois types d'effets sur les chances d'accéder à l'emploi : les effets associés au niveau de diplôme, les effets liés à l'expérience acquise et les effets associés à la formation initiale relativement à la formation continue. Un premier ensemble de résultats concerne l'effet du diplôme sur les chances d'accéder à l'emploi. L'obtention du Certificat d'Aptitude Professionnelle (CAP), relativement au seul fait d'avoir suivi la formation préparant à ce diplôme n'a pas d'effet sur les chances d'accéder à l'emploi, 5 ans après l'insertion sur le marché du travail. Par ailleurs, le rendement d'un baccalauréat professionnel n'est pas supérieur à celui d'un CAP. Au contraire, dans les deux professions testées, les employeurs valorisent davantage un candidat titulaire d'un CAP, toutes choses égales par ailleurs, alors que ce diplôme est de niveau inférieur au baccalauréat. De surcroît, un candidat diplômé d'un CAP n'a pas plus de chances d'accéder à l'emploi s'il a poursuivi sa formation initiale par un baccalauréat professionnel. En revanche, un candidat titulaire d'un baccalauréat professionnel a plus de chances d'obtenir un entretien d'embauche s'il a préalablement obtenu un CAP. L'ensemble de ces résultats suggèrent que les recruteurs valorisent davantage le diplôme du CAP que celui du baccalauréat professionnel, alors même que l'Education Nationale encourage les jeunes à privilégier ce dernier. Un deuxième ensemble de résultats concerne l'effet de l'expérience sur les chances d'accéder à l'emploi. Nous trouvons que le rendement d'un même diplôme est différent selon qu'il a été préparé par la voie scolaire ou en apprentissage. Les préférences des recruteurs sont toutefois sensibles à la profession examinée. Si, pour les plombiers, les employeurs valorisent davantage la voie scolaire, cette préférence est moins marquée pour les serveurs. Par ailleurs, 4 ans après l'obtention d'un CAP, le rendement d'une année d'expérience supplémentaire post entrée sur le marché du travail n'apparaît pas significatif. De plus, 4 années après la sortie du système éducatif, les chances d'accès à l'emploi d'un candidat sont sensiblement les mêmes, qu'il ait à l'issue de son CAP choisi d'entrer sur le marché du travail ou d'investir dans un diplôme supplémentaire d'un niveau supérieur. Enfin, nous montrons que les préférences des recruteurs pour la formation initiale relativement à la formation continue dépendent de la profession considérée. Si, pour les emplois de plombier, les employeurs valorisent partiellement l'expérience acquise avant la formation, qui traduit également une plus grande maturité du candidat, pour les emplois de serveurs en revanche, les employeurs privilégient les candidats qui ont obtenu leur diplôme dans le cadre de la formation initiale.
Databáze: OpenAIRE