Přispěvatelé: |
Rahmann, Gerold, Olowe, Victor Idowu, Olabiyi, Timothy Ipoola, Azim, Khalid, Olugbenga, AdeOluwa |
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Les études en agriculture écologique et biologique montrent très peu d’intérêt aux questions langagières en général et celles des femmes en particulier en considérant à tort ou à raison les travaux linguistiques comme non adéquates en agriculture. Toutefois, la langue se trouve au cœur de toute discipline et c’est qui nous motive lorsque nous nous intéressons au discours de femmes qui s’investissent dans ce mode de production. Au Bénin, les femmes rurales sont au cœur des systèmes de production agricole où elles jouent des rôles primordiaux. Néanmoins, à l’heure de s’exprimer, elles sont reléguées au second rang et deviennent des invisibles et des sans voix. Ceci revient au fait que si la femme doit parler, étant la propriété privée d’un homme, cet homme devient la courroie de transmission entre ses idées et ses interlocuteurs. Or, l’analyse des comportements discursifs ou des pratiques langagières est un créneau assez révélateur des relations entre différentes couches sociales. Cette étude prend pour base les pratiques langagières des femmes agricultrices produisant le coton biologique, les analyse et révèle les mécanismes rhétoriques et linguistiques utilisés afin d’analyser l’impact de la conversion à l’agriculture biologique en général et surtout le coton biologique sur les discours des femmes. Introduit dans les années 90 comme alternative au coton conventionnel qui était la principale culture d’exportation mais inhibitrice des efforts des femmes, le coton biologique a commencé par faire émerger les femmes au point d’induire un changement remarquable dans leurs discours qui entre temps ne pouvaient qu’être portés par des hommes. Cette recherche, menée dans une perspective sociolinguistique, s’inscrit dans une démarche méthodologique pluridisciplinaire où plusieurs cadres théoriques ont été exploités pour atteindre les objectifs fixés. Elle part de la méthode de collecte de données proposée par Franco Ferraroti (1981; 1990) pour se construire sur le schéma de Teun A. van Dijk. Ce schéma se focalise sur les inégalités sociales et l’exercice du pouvoir en général et comment ces inégalités et réalités s’expriment au quotidien à travers l’usage du langage. Nous avons donc analysé les discours des femmes converties à l’agriculture biologique dans les zones de Kandi, Sinendé, Glazoué et Djidja pour mettre en évidence les avancées notables qui s’y remarquent à travers la force des mots qu’elles emploient et comment elles tendent vers une certaine acquisition du pouvoir, comment elles exhibent un certain prestige qui ne pouvait se manifester avant. Même si cette acquisition de pouvoir pourrait être jugée de relative et éphémère, il est à remarquer qu’il faudrait la valoriser afin de la maintenir avec des efforts constants à divers niveaux pour un changement durable dans les luttes des femmes ; ceci permettra d’atteindre un niveau encore plus élevé et une évolution discursive permettant de déconstruire les mentalités sur le rôle et la place des femmes dans les prises de décision les concernant en milieu rural. |