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Jean-Luc Godard a entretenu depuis le début des années 1960 une forme de dialogue à distance avec Jorge Luis Borges, citant régulièrement l’écrivain argentin dans ses films. C’est notamment le cas dans Les Carabiniers (1963), Alphaville (1965), Histoire(s) du cinéma (1998), The Old Place (1999), Adieu au langage (2014). Au regard de la pratique citationnelle intensive de Godard et de son habitude à faire régulièrement appel à de nombreux auteurs, il serait abusif de vouloir conférer à Borges une place plus importante que d’autres. D’autant plus que lorsqu’on cite Borges, on a toutes les chances de citer d’autres auteurs, eux-mêmes cités par l’écrivain. Force est cependant de constater, d’une part, la place de choix que le cinéaste réserve à l’écrivain, et d’autre part les traits communs à ces deux créateurs, qui partagent un goût prononcé pour la citation, la référence, la compilation, la répétition d’une œuvre à l’autre, l’esprit de synthèse, ainsi qu’une obsession de la bibliothèque infinie. C’est encore leur pratique de l’autoportrait qui les réunit, doublée d’une attention portée aux fleurs, et à la rose tout particulièrement. Mais c’est d’un art paradoxal de l’autoportrait dont il s’agit, qui s’accomplit dans des citations et donc à travers d’autres. L’usage des fleurs est une de ces manières de se montrer autre que soi-même, ouvrant à la question de la métaphore et du montage. |