Monnaie : communauté ou institution ? Un éclairage théorique et empirique à partir d’une monnaie locale
Autor: | Didier, Raphaël |
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Přispěvatelé: | UL, Thèses |
Jazyk: | francouzština |
Rok vydání: | 2022 |
Předmět: | |
Popis: | In this doctoral work, we sought to shed theoretical and empirical light on the communal or institutional nature of money. To do so, we have used the particular case of a local currency, the Florain, as we had the rare opportunity to study it since its launch in 2017 and during four full years.The first part focuses on the community dimension of the currency. Taking a socioeconomic approach, we study the Florain user community as a hybrid community, in the Weberian sense of the term, that is, as a community with both economic and extra-economic goals. Based on the results of our survey, we show that the users of the Florain form a sociation of individuals participating in social activity on the basis of an alliance of interests rationally motivated in value and purpose. Then, we try to characterize the users by their socioeconomic profile and their social representations. Our main result is that this monetary community is characterized by the existence within it of four socioeconomic user profiles (monomers), which we describe as a polymerized monetary community, insofar as the existence of the Florain user community requires the coordinated association of all these profiles through an adapted form of governance.At the end of this first part, our survey and interviews have certainly shed light on the community dimension of money, but they have also offered us the possibility of a complementary interpretation of the community in relation to the institutional dimension of money. We therefore analyzed the institutional approaches to money. We then looked at the traditional economic functions assigned to money, as well as at monetary supports and instruments, the functions of the latter being intimately linked to their legal nature. From there, we addressed the question of monetary sovereignty and its evolution in history, insofar as alternative currencies directly question this concept. Second, we have shown that money is not limited to four economic functions, but on the contrary sets in motion all spheres of social life: money is thus a "total social fact" (Mauss, 1968), whose existence must be embodied in the experience of each individual (Lévi-Strauss, 1950/1973), hence, among other things, the social marking of money (Zelizer, 2005). Money is thus a "social reality" (Simiand, 2006), which Polanyi (1944/1983, 2011) studied from an original angle in a market society and from which we derive a grid for analyzing alternative currencies (Blanc, 2013). Finally, we show that money is a social institution essential to life in society, a major institutional form analyzed in the framework of regulation theory.However, because this monetary community is born within a society, it is necessarily inscribed in the pre-existing structures: in more Polanyian terms, the monetary community is embedded. By analyzing a few examples of communities of local currency users, we first show that the monetary community is embedded in a catchment area, characterized by a culture, a spatial proximity and a political construction of the territory. Then, using the analytical grid developed by Amable and Palombarini (2018), we show that the monetary community is embedded in socio-political structures, beyond the traditional left/right divide, and that its perpetuation is essentially due to a particular social group, which is similar to the "bourgeois bloc". Dans ce travail doctoral, nous avons cherché à apporter un éclairage théorique et empirique sur la nature communautaire ou institutionnelle de la monnaie. Pour ce faire, nous nous sommes appuyés sur le cas particulier d’une monnaie locale, le Florain, dans la mesure où nous avons eu l’opportunité rare de pouvoir l’étudier depuis son lancement en 2017 et durant quatre années pleines.La première partie porte sur la dimension communautaire de la monnaie. Dans une approche socioéconomique, nous étudions la communauté des utilisateurs du Florain comme communauté hybride, au sens wébérien du terme, c’est-à-dire comme une communauté dont les objectifs sont à la fois économiques et extra-économiques. À partir des résultats de notre enquête, nous montrons que les utilisateurs du Florain forment une sociation d’individus participant à l’activité sociale sur la base d’une alliance d’intérêts motivée rationnellement en valeur et en finalité. Puis, nous cherchons à caractériser les utilisateurs par leur profil socioéconomique et leurs représentations sociales. Notre résultat principal est que cette communauté monétaire se caractérise par l’existence en son sein de quatre profils socioéconomiques d’utilisateurs (monomères), que nous qualifions de communauté monétaire polymérisée, en tant que l’existence de la communauté des utilisateurs du Florain nécessite l’association coordonnée de tous ces profils par une forme de gouvernance adaptée.À l’issue de cette première partie, notre enquête et nos entretiens ont certes permis de mettre en lumière la dimension communautaire de la monnaie, mais ils nous également offert la possibilité d’une interprétation complémentaire à la communauté se rapportant à la dimension institutionnelle de la monnaie. Nous avons donc analysé les approches institutionnelles de la monnaie. Puis, nous nous sommes intéressés aux fonctions économiques traditionnelles assignées à la monnaie ainsi qu’aux supports et instruments monétaires, les fonctions de ces derniers étant intimement liés à leur nature juridique. De là, nous avons abordé la question de la souveraineté monétaire et de son évolution dans l’histoire, dans la mesure où les monnaies alternatives viennent directement interroger ce concept. Dans un deuxième temps, nous avons montré que la monnaie ne se limite pas à quatre fonctions économiques, mais au contraire met en mouvement toutes les sphères de la vie sociale : la monnaie est donc un « fait social total » (Mauss, 1968), dont l’existence doit s’incarner dans l’expérience de chaque individu Lévi-Strauss (1950/1973), d’où entre autres le marquage social de la monnaie (Zelizer, 2005). La monnaie est donc une « réalité sociale » (Simiand, 2006), que Polanyi (1944/1983, 2011) a étudiée sous un angle original dans une société de marché et dont nous déduisons une grille d’analyse des monnaies alternatives (Blanc, 2013). Enfin, nous montrons que la monnaie est une institution sociale indispensable à la vie en société, une forme institutionnelle majeure analysée dans le cadre de la théorie de la régulation.Or, du fait que cette communauté monétaire naît au sein d’une société, elle s’inscrit nécessairement dans les structures préexistantes : en termes plus polanyiens, la communauté monétaire est encastrée. En analysant quelques exemples de communautés d’utilisateurs de monnaie locale, nous montrons dans un premier temps que la communauté monétaire est encastrée dans un bassin de vie, caractérisé par une culture, une proximité spatiale et un construit politique du territoire. Puis, en nous servant de la grille d’analyse développée par Amable et Palombarini (2018), nous montrons que la communauté monétaire est encastrée dans les structures sociopolitiques, au-delà du traditionnel clivage gauche/droite, et que sa pérennisation tient pour l’essentiel à un groupe social particulier, qui s’apparente au « bloc bourgeois ». |
Databáze: | OpenAIRE |
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