Le portail royal de la cathédrale du Mans et les ambitions des Plantagenêts autour de 1150

Autor: Angheben, Marcello
Přispěvatelé: Ernst-Maillet, Vanessa, M. Aurell, G. Baury, V. Corriol, L. Maillet
Jazyk: francouzština
Rok vydání: 2022
Předmět:
Popis: Le portail ouvrant sur le bas-côté sud de la nef la cathédrale du Mans fait partie des toutes premières réalisations de la sculpture qualifiée de « gothique ». Même si ces œuvres s'ins­crivent dans la continuité des portails romans des années 1130-1140, elles présentent de réelles nouveautés, à commencer par les grandes figures d'ébrasements appelées conventionnelle­ ment « statues-colonnes », qui leur confèrent une monumentalité inédite. L'historiographie situe presque invariablement la création de ce type de portails, traditionnellement qualifiés de portails royaux, sur le chantier de Saint-Denis, avant la consécration de 1140. Lorsqu'il s'agit de désigner la première œuvre inspirée de ce modèle, on hésite entre Étampes et Chartres. On s'accorde en revanche pour inscrire le portail du Mans dans le sillage de ceux de Chartres , qui ont été presque unanimement datés entre 1145 et 1155, ce qui situe le premier dans les années 1150, avant la consécration intervenue en 1158. Comme l'A. l'a montré, la quasi-totalité des composantes structurelles, formelles et iconographiques postulent néanmoins en faveur d'une inversion des rapports entre Chartres et Le Mans. Dans cette optique, les sculpteurs du Mans auraient été inspirés par les expériences bourgui­gnonnes et plus particulièrement par celle du portail disparu de Saint-Bénigne de Dijon, qui était sans doute achevé au moment de la consécration de1147, avant de marquer à leur tour la sculpture chartraine, probablement en prenant part à la réali­sation du portail central. Si cette hypothèse est assurément lourde de conséquences pour la restitution de la généalogie des portails royaux, elle n'est pas sans incidence sur l'inter­prétation des statues-colonnes . Alors qu'on a fréquemment supposé des liens entre ces figures et le pouvoir des Capétiens, on n'a en effet pas envisagé la possibilité d'un rapport analogue entre le portail du Mans et les Plantagenêts, sans doute parce qu'il était considéré comme une copie maladroite du modèle chartrain . Si on le situe avant le portail de Chartres, cela signifie au contraire que les usages ne s'étaient pas encore figés et que le concepteur a pu envisager plus facilement de reprendre en faveur des Plantagenêts une image qui aurait été conçue quelques années auparavant dans le but d'exprimer la concorde entre l'Église et les Capétiens. Dans le cadre de cette réflexion collective portant sur le Maine Plantagenêt, il semble dès lors opportun d'interroger la validité d'une telle hypothèse.
Databáze: OpenAIRE