Les petites industries toulousaines au XIXe siècle

Autor: Olivier, Jean-Marc
Přispěvatelé: Olivier, Jean-Marc, Fédération des Sociétés Intellectuelles du Tarn
Jazyk: francouzština
Rok vydání: 2007
Předmět:
Popis: LES PETITES INDUSTRIES TOULOUSAINES AU XIXe SIÈCLELe " Grand Village " toulousain du XIXe siècle a la réputation d'une ville sans tradition industrielle endogène, les initiatives seraient venues uniquement de l'extérieur et plus particulièrement de l'État. Ce constat, couramment repris par l'historiographie ancienne, mérite d'être nuancé. Ce qui était jusqu'ici assimilé à un artisanat urbain classique correspond souvent à un espace complexe de production associant parcellisation des tâches, mécanisation légère et prise en compte des fluctuations du marché européen de la mode. Ainsi, la carrosserie, la chapellerie, la chaussure, l'ébénisterie de copie et la chemiserie constituent les principaux secteurs d'une industrialisation discrète, mais réelle. La fin des corporations jette les bases juridiques d'une évolution du monde de la boutique. Puis, l'importance du marché toulousain, dont la population progresse de 50 000 à 150 000 habitants entre 1814 et 1886, favorise le passage à une production de masse. De plus, le désenclavement de la ville facilite la prise en compte des marchés lointains. Ainsi, le canal du Midi bénéficie d'un système de navigation accélérée dès 1826. Enfin, le faible coût de la vie dans cette cité dynamisée par l'exode rural engendre l'existence d'une main-d'œuvre abondante et bon marché ; c'est à Toulouse que l'on rencontre les salaires urbains les plus bas de France. S'agit-il pour autant d'une industrialisation perpétuant le paupérisme ?Les salaires quotidiens semblent effectivement très faibles, mais ils correspondent le plus souvent à la transcription de rémunérations aux pièces qui rendent toute évaluation très aléatoire. Le système repose donc sur des petits ateliers et des travailleurs à domicile très réactifs ; il ignore la grande usine tout en se révélant compétitif. Division du travail et spécialisation, parfois passagère, fondent la réussite de cette ruche industrielle de plus en plus féminisée. Les donneurs d'ordres, très nombreux, font preuve de dynamisme, mais les faillites demeurent fréquentes. Les volumes de production progressent cependant, à l'image de la chapellerie qui livre un million d'unités dans les années 1850, alors que sa production stagnait autour de 10 000 exemplaires au début du siècle. Les performances commerciales se révèlent de plus en plus brillantes, alimentant des exportations vers l'Italie, l'Espagne et l'Amérique latine. Toulouse apparaît alors comme un remarquable centre du travail " en chambre ", mais ses productions ne peuvent se prévaloir du " goût parisien ". Les discours sur la nébuleuse toulousaine intra-muros restent donc rares, à la différence des hagiographies dont bénéficie la fabrique parisienne. Ceci nous invite à revisiter le thème des petites industries dispersées dans les villes de province. Celles-ci participent au succès des " articles de Paris " qui n'ont parfois de parisien que le nom. Jean-Marc Olivier Université de Toulouse 2 – Le Mirail Laboratoire Framespa (UMR 5136)
Databáze: OpenAIRE