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Le Livre Rouge de l’échevinage d’Abbeville est un des rares documents rescapés du bombardement incendiaire du 20 mai 1940 qui anéantit la quasi-totalité des Archives Communales antérieures à 1789. Abondamment utilisé par tous les historiens de la ville depuis le début du XIXe siècle et remarqué par Augustin THIERRY qui en fit transcrire de longs extraits dans son Recueil des monuments inédits de l’histoire du tiers état, il n’avait jamais fait l’objet d’une édition complète.Sa rédaction fut entreprise vers 1280 afin de parer d’éventuels empiétements du nouveau comte de Ponthieu, Édouard Ier d’Angleterre, sur les libertés municipales. Débutant à la manière d’un cartulaire par la copie d’actes intéressant les prérogatives générales de l’échevinage, il se poursuit jusqu’aux premières années du XVIe siècle, avec un net assoupissement vers 1400-1430, par l’enregistrement à peu près chronologique de plus d’un millier d’actes de juridiction civile et surtout criminelle. Les autres types d’actes, moins nombreux et regroupés en périodes brèves, montrent la variété des préoccupations de l’échevinage, au fil de l’actualité : le Livre Rouge, plutôt que garder mémoire des principes qui fondent le droit municipal, illustre la mise en œuvre de celui-ci et fournit la preuve de son application.S’il ne donne guère de précisions sur le fonctionnement de l’échevinage, pas plus que sur les rapports qu’entretient la ville avec l’extérieur, le Livre Rouge montre les problèmes quotidiens de la justice et de l’administration urbaine, fourmille de renseignements et détails sur la population, le personnel municipal, les usages et la sociabilité, qui rendent d’autant plus sensible la perte des autres archives avec lesquelles il se combinait. Quelle que soit son ampleur, il n’enregistre qu’une sélection des affaires judiciaires utile aux échevins pour servir de référence, comme en témoignent les annotations portées dans ses marges à diverses époques, y compris après la fin du Moyen Âge. Aussi les crimes de sang forment-ils la majorité des incriminations, loin devant les vols et tous les autres types de crimes, qu’on y trouve néanmoins représentés. L’issue des poursuites est une fois sur deux le bannissement du suspect qui s’est enfui ; pour ceux qu’on a pu arrêter, bannissement perpétuel et sentences de mort font à peu près jeu égal, loin devant toutes les autres peines y compris les amendes, dont les comptes des argentiers montrent pourtant qu’on en infligeait quotidiennement. |