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L’Invention des corps (2017) et Le Grand vertige (2020) de Pierre Ducrozet suggèrent des manières différentes de modifier le corps : suite à des mutations opérées par la technoscience (L’Invention des corps), en rapport avec l’environnement (Le Grand vertige) et cela dans le but de créer un « nouvel homme nouveau ». Inspiré par Bruno Latour (Le Grand vertige) ou par les travaux de Norbert Wiener, Richard Stallman, Ray Kurzweil (L’Invention des corps), Ducrozet opère une transformation qui transporte ses personnages à travers plusieurs formes de désert : désert de la mort et de la violence politique mexicaine dont Alvaro s’échappe, désert utopique de l’ile artificielle que se propose d’inventer Parker afin de développer ses technologies posthumaines, désert de l’Arizona où Alvaro et Adèle prennent la fuite dans L’Invention des corps ; désert du Kenya où Adam Tobias essaie de refonder le monde à la fin du roman Le Grand Vertige. Les nouvelles entités hybrides qui représentent le cœur des deux romans se construisent via des espaces apparemment libres et ouverts, comme le désert, et via des vrilles textuelles (rhizomatiques pour choisir le nom que Ducrozet lui-même emploie en référence à la forme qu’il donne à ses romans). Interprétables, instables, constitués de morceaux textuels et d’images, les deux romans de Ducrozet proposent une reconstruction de l’humain par l’intermédiaire des fictions qui relient plusieurs points géographiques et temporels, le désert restant la porte d’entrée vers une humanité postmoderniste et posthumaniste – ou l’échappatoire que les personnages espèrent y trouver. |