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Cet article revisite la première expérience de divorce en France au prisme de l’histoire des femmes et de la famille, dans la lignée des travaux commencés au moment du Bicentenaire de la Révolution, puis de ceux de Suzanne Desan sur la législation révolutionnaire de la famille et son fort impact social et politique. L’évolution vers une conception laïque du mariage ainsi que sa définition comme un lien contractuel dans la Constitution de 1791, autorisait de fait sa résiliation. Il s’agit ici d’aller au-delà d’une approche purement statistique sur la rupture des unions, et de voir comment la loi sur le divorce a été utilisée par des femmes pour jouer un rôle central dans l’événement révolutionnaire. L’étude des pétitions féminines montre concrètement comment les femmes reçurent et perçurent la nouvelle législation, en même temps qu’elle permet de saisir des situations personnelles souvent complexes. Elle prouve également que certaines femmes sont parvenues, dans des circonstances spécifiques et en élargissant leur discours à la situation de toutes les femmes, à devenir des actrices de la négociation de la loi, ramenant un texte législatif très théorique à des considérations plus ancrées dans la réalité. This article reexamines the first legalization of divorce in France through the lens of women’s and family history, building on the work begun at the time of the Bicentenary of the Revolution and that of Suzanne Desan on revolutionary family law and its broad social and political effects. The move towards a secular conception of marriage, as well as its definition as a contract in the Constitution of 1791, in practice opened up the possibility of terminating a marriage. Going beyond divorce statistics, the present study investigates how the law on divorce gave women an opportunity to play a central role in revolutionary events. The study of women's petitions shows concretely how women received and perceived the new legislation, while shedding light on individual situations that were often complex. It also shows that some women managed, in specific circumstances as well as discussing the situation of women in general, to influence the making of the law, bringing the often-abstract legislative text back to down-to-earth considerations. |