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L’étude d’ensembles osseux fossiles conclut parfois à l’existence d’associations fauniques pléistocènes sans analogues actuels. Par exemple, certains sites paléolithiques ont délivré, dans les mêmes couches, les vestiges d’espèces aujourd’hui rarement sympatriques. Les couches moustériennes et châtelperroniennes de la Grotte XVI (Dordogne, France) sont un exemple de telles faunes « composites »: toutes deux associent de fortes proportions de Cerf (21%-34%), de Chevreuil (14%-17%) et de Renne (26%-42%). Afin d’aider à l’interprétation de ces communautés non-analogues, les vestiges de grands mammifères des couches B et C de la Grotte XVI sont ici analysés de nouveau. Déterminations taxonomiques, données taphonomiques, indices de saisonnalité et remontages osseux sont combinés et analysés dans le cadre d’une étude spatiale tridimensionnelle des nappes de vestiges. Les résultats obtenus permettent de proposer que les associations fauniques « composites » de la Grotte XVI ne représentent pas une réalité passée (i.e., l’existence d’écosystèmes passés non-analogues), mais sont le résultat, d’une part, d’une erreur de publication (inversion des décomptes de Chevreuil et de Bouquetin dans la publication princeps) et, d’autre part, du mélange de plusieurs assemblages osseux suite à d’intenses perturbations post-dépositionnelles d’origines multiples (dont notamment l’action de l’Ours des cavernes). Certains secteurs mieux préservés de la Grotte semblent enregistrer une succession d’associations fauniques plus homogènes et cohérentes d’un point de vue paléo-environnemental. Cette étude souligne de nouveau l’utilité, voire la nécessité, d’une analyse taphonomique et spatiale complète, avec critique et redéfinition des découpages stratigraphiques opérés à la fouille, avant toute interprétation archéologique ou paléo-environnementale. |