Le persiflage enseigné en classe de rhétorique (L’Orator Belgico-Latinus, 1701)

Autor: Meerhoff, K., Delouince-Louette, C., Noille, C.
Přispěvatelé: ASH (FGw)
Jazyk: francouzština
Rok vydání: 2020
Zdroj: Expériences rhétoriques: Mélanges offerts au professeur Francis Goyet, 55-68
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Popis: L’article propose l’analyse d’un traité de rhétorique publié aux Pays-Bas quelques décennies après la Révocation de l’Édit de Nantes. Imprimé à Amsterdam en 1701, l’Orator Belgico-Latinus est l’œuvre d’un professeur qui enseigne la rhétorique à l’école latine de Rotterdam. Celle-ci préparait à l’enseignement supérieur dispensé à l’École Illustre où enseignaient Pierre Jurieu et Pierre Bayle, ou à l’Université.Le traité bilingue – latin, avec le néerlandais en regard – est la traduction du chapitre premier d’un ouvrage qui avait connu un succès considérable en Allemagne, Politischer Redner de Christian Weise, qu’on peut considérer à la fois comme un traité d’art oratoire et comme traité de savoir-vivre. Fondé sur le modèle de l’éloquence cicéronienne nourrie de celle des grands orateurs grecs, le traité a l’ambition de préparer l’élite urbaine à la vie politique dans la cité moderne. La réussite sociale sera assurée par la maîtrise de la parole « convenable », adaptée aux circonstances. L’orateur en herbe est invité à se tenir au courant de l’actualité politique internationale en étudiant les journaux et les périodiques. Il y trouvera des exemples propres à illustrer son discours et des textes à imiter ou à « convertir ». Dans le traité allemand et sa version hollandaise, une attention marquée est prêtée à l’apprentissage de l’expression « piquante ». La satire est un genre à cultiver, car elle offre un terrain d’entente entre l’orateur et son public. L’éloge d’un prélat de l’Eglise catholique ou celui du souverain d’une nation voisine peuvent être « convertis » en censure violente. L’auteur allemand et son traducteur hollandais s’inspirent de la pédagogie des jésuites développée dans les pays méridionaux pour enseigner dans leurs pays protestants l’art subtil des argutiæ. Grâce à l’Orator Belgico-Latinus, les futurs dirigeants de la cité marchande savent comment ils pourront exciter opportunément les passions de leur public en transformant la satire d’un Réformateur en louange et l’exaltation des actions militaires d’un cardinal français en persiflage.
Databáze: OpenAIRE