La production institutionnelle du chômage et du salariat au Maroc. Transfert d’une technologie de service public « clés en mains»

Autor: Belkheiri, Omar, BENARROSH, YOLANDE
Přispěvatelé: Ecole Nationale de Commerce et de Gestion de Tanger (ENCGT), Université Abdelmalek Essaâdi (UAE), Laboratoire méditerranéen de sociologie (LAMES), Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)-Aix Marseille Université (AMU)
Jazyk: francouzština
Rok vydání: 2017
Předmět:
Zdroj: Critique économique : La revue des économiste critiques
Critique économique : La revue des économiste critiques, IMIST, Service de coopération et d'action culturelle de l'ambassade de france au maroc, 2015, 33
ISSN: 1114-2790
DOI: 10.48409/imist.prsm/ce-n33.10279
Popis: International audience; Problématique générale Cette contribution se propose d'interroger le processus d'implantation au Maroc de l'ANAPEC (Agence nationale de promotion de l'emploi et des compétences). L'architecture et les objectifs de l'ANAPEC, qui a été officiellement créée en 2000, sont en tous points comparables à ceux de l'ex-ANPE française, qui a été sollicitée pour accompagner son implantation. Dès lors nous aborderons différentes questions : comment s'opère l'importation d'un modèle institutionnel dans un contexte où « toutes choses sont inégales par ailleurs » ? Que fabrique une société avec des objets institutionnels venus d'ailleurs, comment les adapte-t-elle à ses réalités et, réciproquement, comment ces derniers façonnent ou orientent la réalité à laquelle ils s'appliquent ? S'agissant du champ de la politique de l'emploi, ces questions débouchent sur l'interrogation générale suivante : assiste-ton à " l'invention du chômage " (Salais et alii, 1986) et à la " naissance du chômeur " (Topalov, 1994) au Maroc ? Et, partant, assiste-ton à la mise en place d'une société salariale avec les protections et assurances qu'un tel système suppose ou a supposées en France… ou sans lesdites protections ? Ceci dans un pays où ces catégories sont encore institutionnellement marginales : l'indemnisation pour perte d'emploi a été votée il y a un an, 13 ans après la création de l'ANAPEC, et sa mise en oeuvre commence en mai 2015 (autrement dit il n'existait pas jusque là de statut de chômeur) ; le salariat formel du secteur privé (avec contrat de travail et protections-cotisations associées) ne concerne qu'une faible proportion des travailleurs. Soulignons enfin l'absence de liens clairs et établis entre les réalités du marché du travail marocain, l'institution d'intermédiation sur ce marché et les outils statistiques de connaissance de l'emploi et du chômage. Sans pouvoir détailler les statistiques de l'emploi au Maroc dans le cadre de cet article (voir encadré), nous interrogeons le rôle de la statistique dans l'analyse de la relation entre salariat et Anapec au Maroc, ainsi que la pertinence ou les effets de la mise en place d'une telle institution en l'absence de liens clairement établis entre ces trois pôles qui forment un triptyque en France : mesure statistique, marché du travail, institution de gestion du chômage 1 .
Databáze: OpenAIRE