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La forêt que nous connaissons est à la fois matrice et empreinte. Matrice, contexte d’un ensemble de pratiques, d’appropriations et de représentations qui donne lieu à des débats tout autant polarisés que compartimentés. Empreinte, celle de son passé, de son histoire, celle de la mise en défens et du conflit d’usage qui ne s’est éteint qu’avec l’exode rural au XIXe siècle. Il a pourtant existé une silva avant la forêt, un espace social alors beaucoup plus ouvert que ne le sont nos forêts actuelles (Chalvet, 2011). En quelques mots la «forêt» a été domestique (Michon, 2015), et l’est encore aujourd’hui dans quelques confins éloignés de nos contrées. L’une des formes tropicales de cette forêt domestique est l’agroforêt, la forme la plus hybride, dense et diversifiée, mêlant strates, pratiques et usages: un monde à part entière… L’agroforêt s’est glissée depuis les tropiques pour arriver jusqu’ici, poussée par l’engouement actuel sous le vocable de «jardin forêt», «forêt comestible» etc., tentative de transposer cette hybridité tropicale dans nos contextes tempérés, en l’appelant forêt... Amnésie ou ironie du sort? |