Aux bords de l’État-nation : politiques migratoires et gouvernementalité exceptionnelle en Guadeloupe
Autor: | Sébastien Nicolas |
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Jazyk: | francouzština |
Předmět: | |
Popis: | La Guadeloupe, reléguée à un statut institutionnel « ultramarin », fait l’objet d’une configuration particulière compliquant l’appréhension des politiques migratoires qui y sont mises en oeuvre. Ce régime singulier se distingue par l’existence d’une frontière « intérieure » entre le département d’Outre-mer et la métropole française, et par une suspension sélective de l’État de droit. Ces dispositifs, légitimés par le caractère « spécifique » de l’archipel, ont pour conséquence d’instaurer une forme de marginalité par laquelle les droits des migrants sont réduits et les mouvements vers/depuis l’Hexagone, sujets à un contrôle accru. Comment interpréter l’existence de cette démarcation au sein même de l’espace national ? Comment, de surcroît, aborder cette rupture de la continuité juridique avec la métropole dans une société qui était encore en situation coloniale il y a quelques décennies ?Partant de ces questionnements, cet article propose de considérer les pratiques de contrôle aux frontières en Guadeloupe à la manière d’un champ d’observation illustratif d’une forme de gouvernementalité « exceptionnelle » dans l’Outre-mer français. Il avance l’hypothèse selon laquelle la politique migratoire mise en oeuvre en Guadeloupe procède d’une rationalité politique fondée sur des logiques de mise à l’écart du territoire. À partir d’une enquête qualitative basée sur des entretiens semi-directifs conduits en 2013 et sur des rapports officiels et associatifs, cette recherche s’attachera à démontrer en quoi les dispositifs de contrôle de la frontière déployés par l’appareil étatique français en Guadeloupe — et par extension dans l’Outre-mer — sont informés par un référentiel postcolonial établi sur le présupposé d’une population labile vulnérable aux influences extérieures. Relegated to an “overseas” institutional status, Guadeloupe is subjected to a particular configuration that makes the understanding of local migration policies more difficult. This singular regime sets itself apart by the existence of an “internal” border between the overseas department and the French metropole, and the selective suspension of the rule of law. These measures are legitimated by the “specificity” associated with the archipelago and result in a form of marginality that reduces the rights of migrants as well as enhanced controls on movements from/to metropolitan France. How can the existence of this demarcation within the national space be addressed? How to understand this judicial discontinuity with the metropole in a society that was in a colonial situation decades ago?Using these questions as a starting point, this article proposes to address border control practices in Guadeloupe as an illustrative manifestation of an « exceptional » governmentality in French overseas territories. It suggests that migration policies in Guadeloupe proceed from a political rationality that is based on the marginalisation of the territory. Using a qualitative survey based on semi-structured interviews carried out in 2013 and governmental and associative reports, this research aims at demonstrating how border control arrangements used in Guadeloupe - and, by extension, in French overseas territories - by the French state apparatus are guided by a postcolonial paradigm led by the assumption of a labile and suggestible population. |
Databáze: | OpenAIRE |
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