Polybe et Montesquieu : aspects d’une réflexion sur le pouvoir 1

Autor: Marie-Rose Guelfucci
Rok vydání: 2006
Předmět:
Zdroj: Anabases. :125-139
ISSN: 2256-9421
1774-4296
DOI: 10.4000/anabases.2893
Popis: Dans la préparation à l’Esprit des Lois que sont les Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence, Montesquieu se réfère, entre autres sources, aux Histoires de Polybe. Si les deux auteurs ont des méthodes différentes pour établir les faits, ni l’un ni l’autre ne proposent cependant à leur lecteur une simple relation de l’histoire de Rome : Polybe veut que ses Histoires forment les responsables politiques et les Considérations sont, selon d’Alembert, une “ histoire romaine à l’usage des hommes d’État et des philosophes ”. Tous deux conduisent donc, à partir de l’exemple romain, une réflexion plus large sur la nature du pouvoir, les conditions de sa conquête et de son maintien. Ils font ainsi nettement apparaître les atouts qui ont permis à Rome de s’imposer, ses vertus et sa discipline, ses moyens effectifs et sa faculté d’adaptation, ses mœurs et sa constitution tripartite, sa conduite à l’égard des vaincus ou des alliés. Mais tous deux mettent plus généralement en garde contre les risques qui, en politique intérieure comme extérieure, perdent nécessairement tout pouvoir qui oublierait les principes qui lui ont permis de s’imposer. Si inéluctable pourtant que soit pour eux cette corruption, ils trouvent dans la logique même du processus un moyen de l’évaluer, de la prévoir, de la différer même, par un équilibre des pouvoirs politiques qui ne peut être qu’une résultante de forces qui se compensent. In that prefatory work to the Esprit des Lois (the Spirit of the laws): the Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence (considerations on the causes of the greatness and decadence of the Romans), Montesquieu refers, among other sources, to Polybus’ Histories. Though the two authors have different methods in establishing the facts, neither, however, proposes to his readers a mere account of Rome’s history. Polybus wants his histories to be formative for politicians in charge, and the Considerations are, according to d’Alembert, “ a Roman history to be of use for statesmen and philosophers ”. Both, therefore, starting from the Roman example, carry out a larger reflection on the nature of power, the conditions for its conquest and maintenance.Accordingly they clearly bring out the trumps which enabled Rome to prevail, her virtues and discipline, her real means and faculty of adaptation, her mores and her tripartite constitution, her behaviour towards the vanquished or the allies. But more generally both warn against the risks which, in domestic as well as foreign policy, necessarily bring about the defeat of any power which enabled it to prevail. Yet, however unavoidable for them is that corruption, they find in the very logic of the process a means to evaluate it, to anticipate it, even to postpone it through a balance of the political powers which can only be a resultant of forces that compensate one another.
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