Les dossiers d’action publique, des registres criminels de 1791 à la dématérialisation

Autor: Manuel Toulajian
Jazyk: francouzština
Rok vydání: 2022
Předmět:
Zdroj: In Situ : Revue de Patrimoines, Vol 46 (2022)
Popis: Les fonds d’action publique du ministère de la Justice, depuis les premiers registres criminels établis dès la création du ministère en 1791 jusqu’à la quasi disparition des documents papier en 2016 sous l’effet de la dématérialisation, présentent un intérêt patrimonial majeur pour l’histoire de la criminalité et plus largement pour l’histoire politique, économique et sociale de la France contemporaine. Depuis plus de deux siècles, les dossiers qui les composent retranscrivent l’action publique pour l’application des peines, ce processus judiciaire qui conduit, sur l’ensemble du territoire national, à sanctionner pénalement l’auteur d’une infraction. Un processus producteur de documents (notes et rapports principalement), transmis par les parquets aux procureurs généraux, avant d’être centralisés par la direction des Affaires criminelles et des Grâces (DACG). Les séries départementale (an II-1816), chronologique (1814-1955), méthodique (1890-1955) et actuelles (1956-1994), toutes conservées aux Archives nationales (AN), forment, avec les registres associés de la sous-série BB/29, un gisement de plus de 10 000 articles et de près de deux kilomètres linéaires. À ces sources encore largement inexplorées d’une nation en train de se construire, traversée ensuite par deux guerres mondiales et ses conséquences, s’ajoutent les dizaines de milliers de dossiers d’action publique de la période 1995-2014 (1,2 kml) gérés par le département des Archives, de la Documentation et du Patrimoine (DADP) du ministère de la Justice, qui témoignent de la forte progression de la criminalité financière, tandis que dans les ensembles papier et numérique encore conservés place Vendôme (2015-2021) commencent à poindre les affaires liées aux infractions à caractère terroriste. Aux deux extrémités de ces fonds, deux supports reliés par le même objet, l’action publique, se regardent, fragiles : le vieux registre criminel du ministère tout juste né et le document numérique natif dont le défi de la pérennisation à l’heure de son exponentielle augmentation devient un enjeu essentiel pour le fonctionnement de la justice et la constitution de son patrimoine archivistique. The Ministry of Justice’s collections of public prosecution, from the first criminal registers established as early as the creation of the ministry in 1791 until the virtual disappearance of paper documents in 2016 under the influence of digitisation, are of a major heritage interest for the history of crime and more broadly for the political, economic and social history of contemporary France. For more than two centuries, the files composing the collections have reported the public prosecution for the enforcement of sentences, this judicial process which leads, throughout the national territory, to sanction criminally an offender. This process produces documents (mainly notes and reports), submitted by the Prosecutor’s Offices to Chief public Prosecutors, before they are centralised by the “direction des Affaires criminelles et des Grâces”, the Directorate for Criminal Affairs and Pardons (DACG). The departmental (an II-1816), chronological (1814-1955), methodical (1890-1955) and current series (1956-1994), all kept in the National Archives (AN), constitute, with the associated registers of the subseries BB/29, a source of over 10,000 articles and of nearly two linear kilometres. To these largely unexplored sources of a nation under construction, that then underwent two world wars and their consequences, were added dozens of thousands records of public prosecution for the period 1995-2014 (1,2 kml) managed by the department of archives, documentation and heritage (DADP) of the Ministry of Justice. These records are evidence of a strong growth of financial crime, while in the paper and digital sets which are still kept place Vendôme (2015-2021), cases linked to offences of a terrorist nature are beginning to emerge. At both ends of these archival fonds, two media linked by the same object, public prosecution, look at each other, fragile: the just born old criminal register of the ministry and the digital native document whose sustainability challenge is becoming an essential issue for the operation of justice and the build-up of its archival heritage.
Databáze: OpenAIRE