Je parle pas la langue 1

Autor: MATHIS, Noëlle
Rok vydání: 2022
Předmět:
Zdroj: E-rea.
ISSN: 1638-1718
DOI: 10.4000/erea.15533
Popis: This text contains traces of the languages that I have heard along my way and that I continue to hear. It reads like an archipelago of fragments to be visited, like islets of (ac)knowledge(ment). It cuts a path in the silent hollows of writing and forgetting across several landscapes. Fragmentation seemed the best writing style as, to quote Roland Barthes recalling Gide, “incoherence is preferable to order that distorts”. The fragments come one after the other, accompanying the hesitations, from one language to another, sending the compass points flying, the flesh of the languages inflamed. Within the languages are folds that have been neglected, traced, reconciled.The fragments are threads of different kinds and from diverse times. They weave together the origin of writing and the origin of sensation; they utter what the body has retained of the echo of the passing presence of each language: the body is where vibration originates; they tell us that we are palimpsests – a complex canvas composed of numerous strata; they come from the night, from silence, from childhood. They also derive from texts I have read and from writing tasks in creative writing workshops that I have designed and facilitated, as well as from independent texts written over the years.From a past impression engraved in the body, through the work of writing, I create a memory. “It (writing) doesn’t so much transcribe the past as create it, by organizing it into a coherent form that it (the past) barely had before it.” I both know and do not know. Knowledge arises and presents itself as the “creation” of knowledge that was hitherto unavailable or unrevealed, and which is illuminated in the act of bringing forth memory. What will the reader hear of this as they read? Le texte porte la trace des langues qui ont résonné et résonne toujours sur mon parcours. Il se lit comme un archipel de fragments à visiter en îlots de (re)connaissance. Il trace un chemin dans les creux de l’écrit et de l’oubli, sur plusieurs territoires. L’écriture adopte le fragment parce que, selon Roland Barthes, à la manière gidienne, « l’incohérence est préférable à l’ordre qui déforme ». Ils viennent les uns derrière les autres, accompagner le vacillement, d’une langue à l’autre. La boussole bousculée. Le tissu des langues boursoufflé. Des plis délaissés, parcourus, réconciliés.Les fragments sont des fils de natures et de dates diverses. Ils tissent l’origine de l’écriture, l’origine de la sensation. Ils énoncent ce que le corps a retenu de l’écho au passage de chaque langue : le corps, berceau de la vibration. Ils indiquent que nous sommes palimpseste, une toile complexe composée de nombreuses strates. Ils viennent de la nuit, du silence, de l’enfance. Ils viennent aussi des lectures et des propositions faites en ateliers d’écriture que j’ai composés et animés et également d’écritures indépendantes au cours des années.Dans une impression passée, inscrite dans le corps, je crée une mémoire. Par le travail de l’écriture. « Elle (l’écriture) transcrit moins le passé qu’elle ne le crée en l’ordonnant selon une forme cohérente qu’il (le passé) n’avait guère jusqu’à elle. » Je sais et je ne sais pas. Le surgissement de la connaissance se présente comme « la création » d’un savoir indisponible ou irrévélé jusque-là qui s’élucide dans l’acte de mise au jour d’une mémoire. Qu’est-ce que le lecteur en entendra ?
Databáze: OpenAIRE