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Dans nos societes neoliberales, le « bien-etre » est concu de facon strictement individuelle. Il s’integre dans un discours dominant et se nourrit de la biomedicalisation pour contribuer a une « biomoralite » violente a la fois sur les plans symbolique, physique et social. On fait appel aux technologies numeriques pour renforcer le developpement et le maintien du bien-etre par l’autocontrole, l’autodiagnostic et des methodes skinneriennes pour apprendre a agir sur son propre bien-etre. L’imperatif du bien-etre repousse l’engagement politique et conduit plutot a la construction sociale d’un biocitoyen en forme, heureux et productif, ainsi qu’a celle de son oppose, le bio-Autre, un moins-que-citoyen en mauvaise forme physique, mal en point et improductif. Dans cet essai, je presente une analyse feministe et poststructuraliste qui s’interesse aux discours et aux relations de pouvoir dans les societes occidentales contemporaines. Je presente ensuite une critique de la violence des interventions pretendument « humanitaires » pour sauver l’« abject » bio-Autre. Je discute des « missions de sauvetage » mal concues dans le domaine de la sante publique. De telles missions exacerbent les divisions de classe et reproduisent des hierarchies patriarcales et coloniales. Je m’interroge sur l’instrumentalisation des activites physiques et sportives dans le plan commercial global qui, au nom du bien-etre, vise la conquete de nouveaux marches. Je conclus l’essai par des reflexions sur la place de la sociologie du sport dans le projet plus vaste de justice et de bien-etre social. |