Hérésie, ordre spatial et imago mundi dans les Otia imperialia de Gervais de Tilbury (années 1210-1215)

Autor: Brunn, Uwe
Přispěvatelé: Centre d'Etudes Médiévales de Montpellier (CEMM), Université Paul-Valéry - Montpellier 3 (UPVM)
Rok vydání: 2011
Předmět:
Zdroj: Cahiers de Fanjeaux
Cahiers de Fanjeaux, Privat, 2011, 46, pp.421-464
ISSN: 0575-061X
DOI: 10.3406/cafan.2011.2121
Popis: Heresy, Spatial Order and Imago Mundi in the Otia impe-rialia of Gervase of Tilbury (1210-1215). The life of Gervase of Tilbury is marked by the spectre of dualist heresy. When he was a young cleric serving the Archbishop of Rheims, William Whitehands, he triggered off a resounding affair that ended in the death of a young woman belonging to the sect known as « publicans » who was put to the stake. When he becomes a judge of the Archbishop of Arles, then imperial marshal, his career as a lawyer takes place in Arles, a city severely affected by the Albigensian Crusade. With the Otia imperials, Gervase of Tilbury offers the Emperor Otto IV a cosmological Summa for his contemplation based on a rich Neoplatonic argument employed in favour of ontological monism. Conceived as a book representing the world, this work follows the contours of the space it describes. Its first part is devoted to the mundus according to it’s nature, the world as an idea, the One, the Creator. This part is a treaty about the transfer of divine power which Gervase defends as an absolute unity in the face of a double problem : the heretical dualism and the duality of the supreme powers, pope and emperor. The second part describes the world as it appears : a tangle of multiple orders and structures emanating from the one single principle. The orbis terrae is designed as a space of domination whose structural centre is the papal city of Rome. The pope’s authority radiates from the Urbs to the orbis. The Otia imperials invites to the contemplation of a spatial order, which is fundamentally pontifical. The third part celebrates the wonderful interventions of the one single principle in this plural world. The Mirabilia, understood as signatures of the unique divine will in the multiple world, should be read and contemplated. Gervase portrays nature providing exempla in the service of faith. All in all, the Otia imperials is a highly visual set of works. Gervase conceived it as a textual imago mundi or mappa mundi. He invites the reader to raise from the world in words to the image of the world, from the material support of parchment to the spiritual mundus archetypus, suggesting in this way a progression which is supported in the Twelfth-Century theory of image, but impossible to accomplish in a dualistic world based on the strict separation of matter and spirit.
La vie de Gervais de Tilbury est marquée par le spectre de l’hérésie dualiste. Encore jeune clerc auprès de l’archevêque de Reims, Guillaume aux Blanches Mains, il déclenche une affaire retentissante qui se solde par la mise sur le bûcher d’une jeune fille de la secte des « publicains ». Devenu juge de l’archevêque d’Arles, puis maréchal impérial, sa carrière de juriste se déroule en Arles, ville durement touchée par la Croisade albigeoise. Avec les Otia imperialia, Gervais de Tilbury offre à la contemplation de l’empereur Otton IV une Summa cosmologique fondée sur un riche argumentaire néoplatonicien employé en faveur du monisme ontologique. Livre monde, cette œuvre épouse les formes de l’espace qu’elle décrit. Sa première partie est ainsi consacrée au mundus selon sa nature, à l’idée monde, à l’Un, au Créateur : c’est un traité sur la dévolution du pouvoir divin dont Gervais défend l’unité absolue face à un double problème, le dualisme hérétique et la dualité des pouvoirs suprêmes, pape et empereur. La deuxième partie décrit le monde selon ses apparences, comme un enchevêtrement de multiples ordres et structures émanant du principe unique. L'orbis terrae est conçu comme un espace de domination dont le centre structurel est la ville pontificale, Rome. L’autorité du pape rayonne de l'Urbs vers l'orbis. Les Otia imperialia invitent à contempler un ordo spatial pontifical. La troisième partie, enfin, célèbre les interventions merveilleuses du principe unique dans ce monde multiple. Les mirabilia, compris comme signatures de la volonté divine unique dans le monde multiple, doivent être lus et contemplés. Gervais met en scène une nature dispensant des exempla au service de la foi. Dans l’ensemble, les Otia imperialia constituent une œuvre visuelle. Gervais la conçoit comme imago mundi ou mappa mundi textuelle. Il invite le lecteur à s’élever du monde en toutes lettres à l’image monde, du support en parchemin, matériel, au mundus archetypus, spirituel, suggérant ainsi d’emprunter une voie valorisée dans la théorie de l’image du XIIe siècle, toutefois impossible à parcourir dans un monde dualiste fondé sur la stricte séparation de la matière et de l’esprit.
Brunn Uwe. Hérésie, ordre spatial et imago mundi dans les Otia imperialia de Gervais de Tilbury (années 1210-1215). In: Lieux sacrés et espace ecclésial (IXe - XVe siècle) Toulouse : Éditions Privat, 2011. pp. 421-464. (Cahiers de Fanjeaux, 46)
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