Popis: |
Cet article traite de la manière dont le contexte de confinement au printemps 2020 a bouleversé les cadres de la situation d’enseignement en participant à la redéfinition des contours habituels du temps scolaire. Les enseignants du premier et du second degré ont dû faire un pas de côté avec la définition habituelle d’un certain rapport au temps conforme aux normes de la forme scolaire et qui organisait de façon routinière leurs manières de planifier les apprentissages, d’accompagner et d’orienter les élèves. En prenant appui sur des données qualitatives issues d’une enquête par questionnaire, nous rendrons tout d’abord compte des effets produits par les injonctions à la « continuité pédagogique » sur la définition habituelle du temps scolaire et le rapport des enseignants à ces injonctions. Puis nous décrirons les différents rapports au temps de ces professionnels dans leur quotidien confiné, c’est-à-dire leurs différentes perceptions des nouveaux rythmes scolaires imposés par la « continuité pédagogique ». Enfin, nous montrerons comment ces rapports au temps scolaire dépendent de ce qu’ils perçoivent des nécessités des familles des élèves d’une part et de leurs propres nécessités et manières de se représenter leur métier d’autre part. Nous soulignerons notamment que ce contexte a pu conduire une partie des enquêtés à un sentiment de colère, de stress ou encore de malaise, dans la mesure où ceux-ci n’ont pas envisagé cette organisation temporelle, figée dans un présent incertain, comme propice à une véritable « continuité pédagogique ». This article deals with the way in which the context of lockdown in spring 2020 has upset the frameworks of the teaching situation by participating in the redefinition of the usual contours of school time. Primary and secondary school teachers had to stray away from the usual definition of a specific attitude to time, consistent with to the norms of the school form and that routinely organized their ways of planning learning, accompanying and guiding students. Based on qualitative data from a questionnaire survey, the paper gives firstly an account of the effects produced by the injunctions to "pedagogical continuity" on the usual definition of school time and the relationship of teachers to these injunctions. Then, it describes the different attitudes to time of these practitioners in their daily lockdown, that is to say, their different perceptions of the new school rhythms imposed by the "pedagogical continuity". Finally, it shows how these attitudes to school time depend on what they perceive as the needs of the students’ families on the one hand and their own needs and ways of representing their occupation on the other. In particular, I will emphasize that this context may have led some of the respondents to feel angry, stressed or uneasy, insofar as they did not consider this temporal organization, frozen in an uncertain present, to be favourable to true "pedagogical continuity". |