Popis: |
Au XIXe siècle, les Grecs ont joué un rôle capital sur l’ensemble des côtes de cette mer fermée ne communiquant avec l’extérieur, la Méditerranée orientale et le monde océanique, que par les détroits et Constantinople. Ils ont développé une économie prospère d’échanges commerciaux servis par une marine marchande entre leurs mains. La Russie avait réussi à la fin du XVIIIe siècle à ouvrir cet espace maritime au commerce international à la suite de plusieurs guerres russo-turques et de traités libéralisant les échanges. Ce bassin de la mer Noire se partageait en deux ensembles géographiques à la population et au fonctionnement distincts : le Nord et l’Ouest, correspondant au Sud de la Russie et de l’Ukraine et à deux pays balkaniques la Bulgarie et la Roumanie d’une part, le Sud et l’Est, correspondant à la Turquie et au Caucase (Géorgie, Russie) d’autre part. Dans le premier, l’implantation des Grecs, venus de Grèce continentale et de l’Archipel, s’y est traduite par une forte croissance de la culture et du commerce d’exportation des céréales (en particulier du blé) et secondairement d’autres produits agricoles (raisins et vins, tabac) vers la Méditerranée orientale et l’Europe occidentale (Angleterre, France). Les villes-ports d’Odessa, Taganrog, Rostov en Russie, Varna, Burgas en Bulgarie, Braïla, Galazion, sur le Danube en Roumanie, ont été les principaux centres et ports de ce commerce d’exportation dominé par les marchands et armateurs Grecs. Dans le second, la région côtière du Pont, peuplée par une population grecque issue de l’empire byzantin de Trébizonde, a été à l’origine de migrations vers le Caucase tout au long du XIXe siècle. Ses deux principales villes-ports de Trébizonde et Amissos (Samsun) étaient reliées à l’intérieur de l’Anatolie et de l’Iran, celles de Batum, Sukhum et Novorosisk au Caucase géorgien et russe. On comparera l’essor de l’économie et des sociétés urbaines de ces entrepreneurs et armateurs grecs tout au long du XIXe siècle et leur déclin rapide, allant parfois jusqu’à leur disparition au début du XXe siècle, au sein de deux systèmes économiques et migratoires distincts : l’ensemble grec pontique à l’Est et l’ensemble grec balkanique et archipélagique à l’Ouest du Pont Euxin. In the 19th century, the Greeks played a major role on all the coasts of this closed sea, communicating with the outside, the eastern Mediterranean and the oceanic world, only through the straits and Constantinople. They have developed a thriving trading economy served by a merchant navy in their hands. Russia had succeeded at the end of the 18th century in opening up this maritime space to international trade following several Russo-Turkish wars and treaties liberalizing trade. This Black Sea basin was divided into two geographical areas for the population and functioning separately: the North and the West, corresponding to the South of Russia and Ukraine and to two Balkan countries Bulgaria and Romania on the one hand, the South and the East, corresponding to Turkey and the Caucasus (Georgia, Russia) on the other hand. In the first, the establishment of the Greeks, who came from mainland Greece and the Archipelago, resulted in a strong growth in the cultivation and export trade of cereals (in particular wheat) and secondarily of other agricultural products (grapes and wines, tobacco) to the eastern Mediterranean and western Europe (England, France). The port cities of Odessa, Taganrog, Rostov in Russia, Varna, Burgas in Bulgaria, Braïla, Galazion, on the Danube in Romania, were the main centers and ports of this export trade dominated by Greek merchants and shipowners. In the second, the coastal region of Pontus, populated by a Greek population from the Byzantine Empire of Trebizond, was the source of migrations to the Caucasus throughout the 19th century. Its two main port cities of Trebizond and Amissos (Samsun) were connected within Anatolia and Iran, those of Batum, Sukhum and Novorosisk to the Georgian and Russian Caucasus. Economy and urban societies of these Greek entrepreneurs and shipowners throughout the 19th century and their rapid decline, sometimes going as far as their disappearance at the beginning of the 20th century, within two distinct economic and migratory systems: the Pontic Greek ensemble to the east and the Balkan and archipelagic Greek ensemble to the west of the Euxin Bridge. |