Contract and Control: Agrarian labour mobilisation and resistance under large-scale land investments for biofuel crop production in Ethiopia
Autor: | Wedekind, Jonah, Chinigò, Davide |
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Rok vydání: | 2020 |
Předmět: | |
Zdroj: | Annales d'Ethiopie. 33:49-78 |
ISSN: | 0066-2127 |
DOI: | 10.3406/ethio.2020.1687 |
Popis: | This article explores the “agrarian question of labour” (AQ of labour) that is emerging in Ethiopia as part of a strategy of agricultural commercialisation present since the mid-2000s. We contribute to debates about the uneven character and open-ended trajectory of Ethiopia’s agrarian transformation, which is a state-led, investmentbased attempt at a transition from a largely rural, agrarian society and economy to an increasingly industrial one. The article addresses why and how agricultural commercialisation failed in the case of two overlapping and nearly identical agricultural investment projects in Hararghe and Wolaita that were financed by interlinked multinational financial groups and facilitated by the state for the production and processing of the biofuel crop castor. The state’s contractual incorporation of smallholders into these poorly planned and financially extractive large-scale land investments was met with various forms of resistance which contributed to the failure of the projects. The article points to the centrality of an unresolved agrarian question of labour as a source of tension in Ethiopia’s agrarian transformation. While literature conceptualises agricultural commercialisation in Ethiopia through a dichotomous model – state support to smallholder farming in the country’s highlands, and investment-led, large- scale commercialisation in the lowlands – in this article we emphasise the importance of contract-farming (CF) as a third mode of agricultural commercialisation. CF relies on the incorporation of smallholders, including their landholdings and labour-power, into large-scale land investment projects via out-grower schemes. This article shows that CF gained political momentum over the course of the 2000s as a commercialisation model that facilitates investments in smallholder farming (i. e. through commercialising their productive activities) without necessitating rapid changes in the agrarian social structure (i. e. by inhibiting rapid social differentiation and land dispossession of smallholders). The strategic rationale of CF was to regulate the swelling of a land-detached labour force (i. e. a precarious and politically dangerous stratum), should agro-industrial growth not proceed at a pace sufficient to absorb that force (i. e. provide employment outside smallholder agriculture). Empirically, the article relies on ethnographic fieldwork addressing the trajectories of investor-operated and state-mediated CF for castor over the course of a decade (mid-2000s to mid-2010s) in the East/West Hararghe zones of the Oromia Region and in the Wolaita zone of the Southern Nations, Nationalities and Peoples’ Region (SNNPR). Through the agency of near identical ad hoc investment companies – Flora EcoPower (FEP) in Hararghe and Global Energy Ethiopia (GEE) in Wolaita operating for about a decade since 2005 – Ethiopia’s development planners hoped that these two peripheries, which were characterised by high labour-to-land ratios, land degradation and labour out-migration, would see the commercialisation and improvement of smallholder production and livelihoods. The two case studies combined reveal that, firstly, top-down planning and implementation of CF, and the processes of subversion and resistance this engendered, played a crucial role in the ultimate failure of the investment projects. It shows that agricultural commercialisation, based on the state’s coercive contractual incorporation of smallholders into large-scale land deals, can lead to a backlash that undermines the state’s development(al) strategies. Secondly, the legacy that the failure of the projects left behind, added fuel to an already politicised fire surrounding the labour question, i. e. the extent to which the attempted agricultural transformation to commercialised agro-industrial production can sufficiently diversify incomes and offer employment opportunities to offset social ills and political grievances. Thirdly, the two cases of CF reveal the same land and labour exploitative logic behind investments that prioritise quick returns over long-term planning and thereby disregard the local socio-economic and ecological conditions in which they intervene. Despite their specificities, we conclude that the two cases cast a shadow on the ostensive capacity of the Ethiopian state to mitigate the adversities and contradictions of investment-based, state-mediated agricultural commercialisation through CF. Beside the economic significance of failed agricultural investment projects, the protests that followed silent subversions in Wolaita and Hararghe marked an additional point of rupture in the relationship between government and farmers. This is particularly significant as, since the EPRDF came to power in the 1990s, the leadership has always capitalised on smallholders’ support as a central social constituency. Cet article explore la question du travail agraire qui émerge avec la stratégie de développement d’une agriculture commerciale en Éthiopie au milieu des années 2000. Il discute l’inégale transformation agricole éthiopienne dont la trajectoire future reste ouverte. Cette transformation, menée par l’État et fondée sur l’investissement tente de faire passer l’Éthiopie d’une société rurale à l’économie principalement agraire vers une société industrielle. L’article s’intéresse au pourquoi et au comment de l’échec de l’agriculture commerciale à partir de deux cas similaires de projets d’investissement agricole dans le Haraghe et le Wolayta. Ces projets ont été financés par des groupes financiers multinationaux interconnectés et facilités par l’État pour transformer le ricin afin de produire du bio-carburant. L’intégration contractuelle par l’État de petits exploitants dans ces investissements fonciers à grande échelle mal planifiés et financièrement extractifs s’est heurtée à diverses formes de résistance qui ont contribué à l’échec des projets. L’article souligne le caractère central de la question non résolue du travail agraire, à l’origine des tensions qui traversent la transformation agricole éthiopienne. La littérature scientifique conçoit l’agriculture commerciale en Éthiopie selon un modèle dichotomique, avec d’un côté le soutien aux petits exploitants agricoles orchestré par l’État sur les hauts-plateaux, et de l’autre l’agriculture commerciale à grande échelle et portée par l’investissement dans les basses-terres. Cet article met a contrario l’accent sur l’importance de l’agriculture sous contrat comme troisième voie de la commercialisation agricole. L’agriculture sous contrat repose sur l’intégration des exploitants – à la fois de leur propriété agricole et de leur force de travail – dans des projets d’investissement foncier à grande échelle par le biais de programmes de sous-traitance. Comme le montre l’article, l’agriculture contractuelle a bénéficié d’un réel élan politique au cours des années 2000. Ce mode de commercialisation facilite en effet l’investissement dans les petites exploitations agricoles (c’est-à-dire la commercialisation de leurs produits) et ne nécessite pas de changements rapides de la structure sociale agraire (il empêche une transformation rapide de la stratification sociale et la dépossession des petits exploitants). La stratégie de l’agriculture commerciale était de réguler le potentiel surcroît d’une main-d’oeuvre privée de terre (une couche précaire et politiquement dangereuse), dans le cas où la croissance agro-industrielle ne progresserait pas au rythme nécessaire pour l’absorber (c’est-à-dire fournir des emplois en dehors de la petite agriculture). L’article s’appuie sur des données qualitatives issues d’une enquête ethnographique portant sur les trajectoires d’accords commerciaux sur le ricin. Ces accords, pilotés par les investisseurs et arbitrés par l’État, ont été étudiés pendant une décennie (du milieu des années 2000 au milieu des années 2010) dans les zones Est/ Ouest du Hararghe de la région Oromia et dans la zone du Wolaita de la région des nations, nationalités et peuples du Sud (SNNPR). Les planificateurs du développement de l’Éthiopie espéraient que l’intervention de ces sociétés d’investissement ad hoc presque identiques – Flora EcoPower (FEP) dans le Hararghe et Global Energy Ethiopia (GEE) dans le Wolaita, en activité depuis une dizaine d’années au moment de l’enquête – conduirait à la commercialisation, l’amélioration de la production et des moyens de subsistance des petits exploitants de ces deux espaces périphériques, caractérisés par un ratio main-d’oeuvre/ terre élevé, la dégradation des terres et l’exode des travailleurs. La combinaison des deux études de cas révèle premièrement que la planification et la mise en oeuvre descendantes de l’agriculture contractuelle ont engendré des processus de subversion et de résistance de la part des exploitants. L’ensemble a joué un rôle crucial dans l’échec final des projets d’investissement. L’intégration coercitive par l’État de petits exploitants, via des contrats, dans des transactions foncières à grande échelle, a été la politique adoptée pour promouvoir l’agriculture commerciale. Or elle a entraîné un retour de bâton qui mine les stratégies de l’État développemental. Deuxièmement, l’héritage que l’échec des projets a laissé derrière lui a attisé la question, déjà politisée, du travail. Il s’agit en effet de savoir dans quelle mesure la tentative de transformation de l’agriculture en production agro-industrielle commerciale peut diversifier les revenus et offrir des possibilités d’emploi pour pallier aux problèmes sociaux et répondre aux revendications politiques. Troisièmement, les deux cas d’agriculture contractuelle rendent compte d’une même logique d’exploitation de la terre et du travail qui sous-tend des investissements privilégiant des rendements rapides aux dépens d’une planification à long terme, négligeant ainsi les conditions socio-économiques et écologiques locales dans lesquelles ils interviennent. Au-delà de leurs spécificités, ces deux cas font douter de la capacité supposée de l’État éthiopien à réduire les inconvénients et les contradictions de l’agriculture commerciale basée sur les investissements et organisée par l’État par le biais de contrats avec les petits exploitants. Outre le poids économique de ces projets d’investissement agricole qui ont échoué, les protestations qui ont suivi les résistances silencieuses dans le Wolaita et le Hararghe ont marqué un point de rupture supplémentaire dans les relations entre le gouvernement et les agriculteurs. C’est particulièrement significatif dans la mesure où depuis l’arrivée au pouvoir de l’EPRDF dans les années 1990, les dirigeants ont toujours pu compter sur le soutien du groupe social des petits exploitants comme base électorale. Wedekind Jonah,Chinigò Davide. Contract and Control: Agrarian labour mobilisation and resistance under large-scale land investments for biofuel crop production in Ethiopia. In: Annales d'Ethiopie. Volume 33, année 2020. pp. 49-78. |
Databáze: | OpenAIRE |
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