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Résumé L’augmentation de plusieurs anomalies de la fonction de reproduction masculine suscite de grandes inquiétudes. Au cours des quatre dernières décennies, le nombre de spermatozoïdes chez l’homme a nettement diminué, et l’incidence du cancer testiculaire a doublé. De plus, les cas de cryptorchidie et d’hypospadias sont également en augmentation. L’hypothèse la plus couramment admise est que tous ces effets néfastes sur la fonction reproductive masculine résulteraient d’anomalies survenant lors du développement du testicule pendant la vie foetale et néonatale. En outre, de nombreuses données épidémiologiques, cliniques et expérimentales suggèrent que ces troubles pourraient être dus aux effets de xénobiotiques appelés perturbateurs endocriniens qui sont de plus en plus concentrés et présents dans notre environnement. Parmi les perturbateurs endocriniens, nous avons choisi de focaliser cette revue sur les phtalates pour diverses raisons: 1) ils sont très répandus dans l’environnement; 2) leurs concentrations dans de nombreux fluides biologiques humains ont été mesurées y compris pendant la grossesse; 3) les données expérimentales utilisant le modèle rat et suggérant une reprotoxicité sont nombreuses et pertinentes; 4) les effets délétères des phtalates sur le développement et sur les fonctions du testicule foetal de rat ont largement été étudiés; 5) quelques données épidémiologiques humaines suggèrent un effet reprotoxique des phtalates aux concentrations retrouvées dans l’environnement, au moins durant la vie néonatale. Cependant, les effets directs des phtalates sur le testicule foetal humain n’avaient jamais été étudiés. Comme nous l’avions fait chez le rat dans les années 1990, nous avons récemment développé et validé un système de culture organotypique de testicule foetal humain qui permet de maintenir in vitro le développement des différents types cellulaires. Dans ce système, l’ajout de 10−4 M de MEHP (mono-2-éthylhexyl phtalate), le phtalate le plus répandu, n’a aucun effet sur la production de testostérone basale ou stimulée par l’hormone lutéinisante (LH), mais il réduit le nombre de cellules germinales en augmentant leur apoptose et sans modifier leur prolifération. Nos données constituent la première donnée expérimentale montrant que les phtalates altèrent le développement du testicule foetal humain. En outre, en utilisant le même système de culture organotypique, il est intéressant de comparer la réponse au MEHP chez l’Homme et chez les rongeurs pour analyser la pertinence des tests toxicologiques basés sur le modèle rongeur. |