Ressources alimentaires et inégalités sociales au Paléolithique : la question du stockage à large échelle
Autor: | Costamagno, Sandrine, Nôus, Camille |
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Rok vydání: | 2021 |
Předmět: | |
Zdroj: | Paléo. :80-94 |
ISSN: | 2101-0420 1145-3370 |
DOI: | 10.4000/paleo.6710 |
Popis: | Le stockage alimentaire à large échelle est considéré comme une condition nécessaire, bien que non suffisante, à l’émergence des inégalités sociales au sein des sociétés humaines. Dans le cadre de cet article, nous nous interrogeons sur l’émergence de telles pratiques en Europe occidentale au Paléolithique récent. Le registre ethnoarchéologique et ethnohistorique indique que la consommation différée des ressources alimentaires est primordiale dans des environnements à fluctuations saisonnières importantes mais le stockage à large échelle aboutissant à une réduction drastique du degré de mobilité ne peut se développer que dans des environnements très particuliers où les ressources fournissant la base de l’alimentation sont surabondantes saisonnièrement. La déshydratation, la fermentation, la congélation et la conservation dans de la graisse sont autant de techniques traditionnelles permettant une préservation des aliments sur le long terme. Les indices archéologiques signant un stockage des ressources sont particulièrement ténus et nécessitent la prise en compte d’un faisceau d’arguments relevant du registre archéozoologique et d’autres données plus contextuelles. L’enquête transchronologique qui est ensuite menée montre que les techniques de conservation des aliments étaient déjà maîtrisées par les Néandertaliens avant l’arrivée des humains anatomiquement modernes en Europe. Une intensification de cette pratique au début du Paléolithique récent n’est pas attestée. Au Magdalénien, le stockage des ressources alimentaires est avéré et semble prendre de l’importance. Pour autant, les indices d’un stockage en masse sont absents et les prérequis écologiques exposés par A. Testart (1982a) comme la condition sine qua non à l’émergence de sociétés hiérarchiques ne sont pas réunis. Large-scale food storage is considered a necessary, though not sufficient, condition for the emergence of social inequalities in human societies. In this paper, we examine the emergence of such practices in Western Europe during the Late Palaeolithic. The ethnoarchaeological and ethnohistorical record indicates that delayed consumption of food is primordial in environments with significant seasonal fluctuations, but large-scale storage leading to a drastic reduction in the degree of mobility can only develop in very particular environments where the resources providing the basis of food are seasonally overabundant. Dehydration, fermentation, freezing and preservation in fat are all traditional techniques for the long-term preservation of food. Nevertheless, the archaeological evidence for resource storage is particularly tenuous and requires consideration of a range of arguments from the archaeozoological record and other more contextual data. The subsequent transchronological survey shows that food preservation techniques were already mastered by the Neanderthals before the arrival of Homo sapiens sapiens in Europe. There is no evidence of an intensification of this practice at the beginning of the Late Paleolithic. In the Magdalenian, the storage of food resources is proven and seems to be gaining importance. However, there is no evidence of mass storage and the ecological prerequisites outlined by A. Testart (1982a) as the sine qua non for the emergence of hierarchical societies are not present. |
Databáze: | OpenAIRE |
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