Au-delà des mots. Politique du silence et langage de la dissidence chez les Taisans anabaptistes du XVIe siècle
Autor: | Marion Deschamp |
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Jazyk: | francouzština |
Rok vydání: | 2017 |
Předmět: |
010506 paleontology
anabaptism social conventions salutations 0603 philosophy ethics and religion Sebastian Franck 01 natural sciences anabaptisme politics of silence identités confessionnelles religious dissent 0105 earth and related environmental sciences lcsh:French literature - Italian literature - Spanish literature - Portuguese literature lcsh:History (General) and history of Europe Caspar Schwenkfeld 06 humanities and the arts 16. Peace & justice Caspar Schwenckfeld politique du silence dissidence religieuse Florimond de Raemond lcsh:D conventions sociales lcsh:PQ1-3999 confessional identities greetings 060302 philosophy |
Zdroj: | Etudes Epistémè, Vol 31 (2017) |
Popis: | Dans cet article, nous tenterons de faire entendre le langage silencieux de la dissidence expérimenté par certains groupes anabaptistes dans l’Allemagne du XVIe siècle. Qualifés de « Taisans » (ou Schweiger, en allemand), ceux-ci déclinaient tout commerce linguistique avec des membres extérieurs à leur communauté de foi, renonçant même à saluer les gens dans la rue, en signe de désapprobation muette de leurs positions religieuses. Un concert de voix provenant aussi bien des rangs catholiques (Florimond de Raemond) que de ceux de la Réforme, magistérielle (Martin Bucer) ou radicale (Sebastian Franck, Caspar Schwenckfeld), s’éleva contre ces performances mutiques jugées antisociales et anti-chrétiennes. Pourtant, la politique du silence choisie par les Taisans peut aussi être comprise comme l’expression muette, mais doublement efficace, d’un acte de dissidence. La réticence volontaire à communiquer avec autrui ne permettait pas seulement de préserver la cohésion religieuse d’une communauté dont l’identité était fondée sur l’exclusivisme religieux ; elle servait aussi à contourner les rapports de force linguistiques et les effets stigmatisant des désignations utilisées par l’adversaire à leur encontre. Nous montrerons ainsi la manière dont l’attitude de protestation muette adoptée par les Taisans à l’égard du monde pouvait tout à la fois fonctionner comme un signe de distinction sociale et comme l’indice de l’invention d’un nouvel éthos religieux. In 16th-century Germany, the so-called Anabaptist ‘Schweiger’ (literally ‘the Silent Ones’) chose to observe silence towards society, refusing to communicate with people outside their religious community and declining to greet them on the street. Catholic (Florimond de Raemond), Protestant (Martin Bucer) and even non-conformist (Sebastian Franck, Caspar Schwenkfeld) authors denounced their muteness as antisocial and unchristian behaviour. But this politics of silence can also be understood as a non-verbal strategy of expressing dissent. For a lack of words, the voluntary relinquishment of language, helped to maintain the purity of this close-knit community of faith. It was also meant as a refusal of the linguistic practises which expressed relations of power, especially those employed to outlaw them as heretics. As I will show, the use of silence could simultaneously work as a sign of social distinction and as a mark of the invention of a new religious ethos. |
Databáze: | OpenAIRE |
Externí odkaz: |