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Malgre de nombreuses etudes, dont les premieres datent du debut du siecle, l'autoimmunite physiologique, a l'oppose de l'autoimmunite pathologique, n'est pas encore une notion admise par l'ensemble de la communaute des immunologistes. La manifestation la plus evidente de cette autoimmunite physiologique est la presence, dans le serum des individus normaux, d'anticorps diriges contre leurs propres antigenes. Cette revue est destinee a faire le point sur les donnees acquises dans ce domaine tout au long de ce siecle. Les premieres etudes ont montre la presence, chez les individus sains et non intentionnellement immunises, d'anticorps naturels diriges contre des bacteries, des toxines bacteriennes et aussi des constituants du soi (erythrocytes, lymphocytes ou antigenes de certains tissus). Certains de ces anticorps sont specifiques, comme les anticorps obtenus apres immunisation, tandis que d'autres possedent une reactivite plus large. Les etudes recentes, effectuees avec des techniques beaucoup plus performantes, ont montre que la caracteristique principale de ces anticorps est leur polyreactivite et leur aptitude a reconnaitre simultanement des antigenes du soi et du non-soi. Ces anticorps sont directement codes par des genes germinaux portant peu de mutations, possedant des idiotypes en commun et etablissant entre eux des interactions idiotypiques. Les anticorps naturels possedent des fonctions biologiques souvent opposees, inhibant ou activant la croissance de certaines cellules, entrainant le rejet ou le maintien de greffes de tissus. Ils participent a la defense contre les agents pathogenes en reagissant avec ceux-ci, augmentant ainsi leur opsonisation et leur elimination. Cependant ils peuvent aussi maintenir l'infection en facilitant l'internalisation des pathogenes dans la cellule cible de l'hote ou en deviant l'action du complement. De plus, les autoanticorps naturels, en reagissant entre eux ainsi qu'avec les differentes molecules et cellules impliquees dans le fonctionnement du systeme immunitaire, exercent une regulation. On aboutit ainsi au concept selon lequel les autoanticorps naturels polyreactifs et les cellules B qui les synthetisent, en se liant ou non avec les antigenes internes et externes de l'organisme, induisent ou suppriment des activites biologiques diverses. De cette facon, ils sont activement impliques a tous les niveaux du fonctionnement du systeme immunitaire et, probablement aussi, des autres systemes biologiques composant l'organisme. Ils forment un reseau multiple et complexe qui change continuellement pour s'adapter aux stimuli internes et externes et qui normalement participe au bon fonctionnement de l'organisme. Cependant, dans des cas de dysfonctionnement important de ce reseau, ces memes anticorps peuvent prendre part a l'etablissement des etats pathologiques. |