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Si l’histoire des États-Unis au xixe siècle est jalonnée de figures féminines dont les croyances religieuses motivèrent leur engagement réformateur, les militantes ayant rejeté publiquement l’autorité des Églises et des théologies positives demeurent en revanche largement méconnues. Le développement d’un féminisme aux accents anarchistes au tournant du xxe siècle parait, de fait, un phénomène presque fortuit dont on peine à recouvrer l’historicité. Le déficit historiographique quant au rôle joué par les femmes dans la promotion d’une libre pensée critique des religions fait ainsi obstacle à la mise en perspective historique d’un militantisme féministe anticonformiste, dont les sources vont puiser en amont des années 1840 et des premières organisations militantes en faveur du droit de vote des femmes. Cet angle mort dans l’histoire des femmes et de la religion occulte les rapports que la pensée, les discours et les mouvements féministes entretiennent avec la tradition de la libre pensée aux États-Unis tout au long du xixe siècle et dont les revendications ne sauraient se limiter à la seule conquête du droit de vote. Au travers du parcours de plusieurs libres penseuses telles que Frances Wright, Ernestine Rose, Juliet Stillman Severance, Lois Waisbrooker ou Voltairine de Cleyre, se dévoile un courant féministe qui lie la domination masculine au pouvoir des religions sur les consciences, et qui défend l’émancipation et l’égalité des droits au nom du refus de l’essentialisation des femmes. The nineteenth century has long been conceived as a critical period of the history of the United States for women whose religious beliefs motivated their commitment to reform; conversely, women activists who publicly rejected the authority of churches and positive theologies have gone almost entirely unnoticed. As a result, the feminism suffused with anarchist overtones which emerged at the turn of the twentieth century may appear almost fortuitous as its historicity seems untraceable. The historiographic gap regarding women’s role in the promotion of radical freethought thus hinders our understanding of anti-conformist feminist activism predating the 1840s and the first women’s suffrage organizations. This blind spot in the history of women and religion obscures the relationship between feminism and the American freethought tradition throughout the nineteenth century, whose demands were not limited to suffrage. Exploring the lives and ideas of such freethinkers as Frances Wright, Ernestine Rose, Juliet Stillman Severance, Lois Waisbrooker, or Voltairine de Cleyre illuminates the existence of a feminism which ties male domination to the power of religious apparatuses and defends emancipation as well as equal rights by arguing against the essentialization of women. |
