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Les personnes queer à La Réunion se trouvent au croisement de deux systèmes : discriminées en raison de leur orientation ou identité sexuelles, elles sont également confrontées au conflit diglossique entre le français et le créole. Comme on perçoit, depuis les années 2010, une plus grande visibilité de la communauté kwir sur les réseaux sociaux et dans les médias sur l’île, cet article propose une première analyse qualitative de ce phénomène. En étoffant l’assertion d’un·e activiste kwir réunionnais·e selon laquelle la langue créole soit « essentiellement queer », nous analysons si et dans quelle mesure la langue créole est utilisée par les militant·e·s queer réunionnais·es et quelles fonctions du créole sont associées à leurs pratiques langagières. Dans une section théorique, nous abordons les contours de cette communauté intersectionnelle à l’aide des Queer Studies et des Queer linguistics. Nous avons pu dévoiler deux fonctions du créole : il sert à s’ancrer dans l’identité créole et il est utilisé pour mettre en parallèle les luttes postcoloniales et queer. Cet article est un travail exploratoire puisqu’il s’agit d’une des premières études linguistiques consacrées à la communauté queer en pays créole. Queer people in Reunion Island find themselves at the intersection of two systemic issues: Discriminated because of their sexual orientation or identity, they are also faced with the diglossic conflict between French and Creole. Since the 2010s, the Kwir community has been more visible on social networks and in the media and this phenomenon is worth a first qualitative analysis. In reference to the assertion of a Reunionese Kwir activist that the Creole language is “essentially queer”, this article will analyze to what extent the Creole language is used by LGBT* activists in Réunion Island and which functions are associated with these linguistic practices. In a theoretical section, we approach the contours of this intersectional community by means of Queer Studies and Queer linguistics. Subsequently, this article proceeds to unveil two main functions of the Creole language: it serves to anchor the queer community in the Creole identity as well as it is used to draw a parallel between postcolonial and queer struggles. This article is an exploratory work as it is one of the first linguistic studies dedicated to the queer community of a Creole-speaking country. |