Ce que lire veut dire : réflexions sur une nouvelle de Neil Gaiman
Autor: | Morel, Michel |
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Rok vydání: | 2021 |
Předmět: | |
Zdroj: | Polysèmes. |
ISSN: | 2496-4212 0999-4203 |
DOI: | 10.4000/polysemes.9322 |
Popis: | La nouvelle "Troll Bridge" de Neil Gaiman narre la rencontre, puis la fusion et le transfert qui s'ensuivent, entre un jeune adulte et un troll. Elle est centrée sur le baiser dévorateur entre les deux protagonistes, canal corporel de l'échange entre deux univers opposés : le même (le réel) et l'autre (le fantastique). Le baiser provoque une sorte de dégoût chez le lecteur, mais s'en tenir à ce dégoût c'est en rester au contenu apparent, c’est ignorer la possibilité d’un regard en distance justement rendu accessible par cette transgression. L'acte de lecture peut en effet dénuder les mécanismes en jeu, c'est-à-dire le fonctionnement générique et ses implications axiologiques. Le scandale éthique provoqué par le moment-crise de la rencontre équivaut en fait à une double contrainte axiologique ("double bind") simultanément exhibée et masquée par la confusion subreptice entre les pronoms personnels "he" et "it"). Cette double contrainte dévoile l’appartenance générique exacte du texte. Le malaise et le vertige impliqués mettent en évidence l'espace d'un instant les jeux troubles du fantastique et derrière eux de l'identification propre à tout texte de fiction. Le moment de scandale est donc l'occasion rare de mener à bien un acte de contre-lecture. Pour qui sait regarder, sont ainsi dévoilés les mécanismes premiers de l'échange avec le texte, les fondements mêmes de l'acte de lecture et peut-être même de la lecture en général. |
Databáze: | OpenAIRE |
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