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Dans son premier séminaire public, qui se tint à l’hôpital Sainte-Anne durant l’année universitaire 1953-1954, Jacques Lacan consacra pas moins de trois leçons entières à la discussion d’un recueil d’articles intitulé Primary Love and Psycho-analytic Technique de Michael Balint (Balint 1952). Étant donné que le sujet du séminaire de Lacan était Les écrits techniques de Freud (Lacan, 1975), sa décision de passer quelques semaines à débattre d’une anthologierécemmentpubliéesurlatechniquepsychanalytiquesembleraitlogique,maiscela n’explique pas pourquoi Lacan a choisi de se concentrer sur les contributions de Balint plutôt que sur celles d’autres psychanalystes contemporains qui avaient abordé la question de la technique, comme Otto Fenichel, Ernst Kris ou Heinz Hartmann. Autrement dit, la présence intellectuelle de Michael Balint tout au long du séminaire, et notamment durant les mois de mai et début juin 1954, est plutôt mystérieuse, à tel point que j’imagine pas mal de gens qui lisent le texte du séminaire de Lacan pour la première fois se poser la question de savoir pourquoi les idées de Balint y reçoivent autant d’attention. Par conséquent, mon objectif principal dans cet essai est de clarifier la signification personnelle et professionnelle de Balint pour Lacan et, plus largement, pour la Société française de psychanalyse (SFP) au début des années 1950. Ainsi, il apparaîtra que Balint a joué un rôle important lors de la première scission de la communauté psychanalytique française et que, même si ses idées divergent de celles de Lacan, il était prêt à apporter son soutien à la SFP dans leur tentative de rejoindre l’International Psychoanalytic Association (IPA). La décision de Lacan de se concentrer sur l’œuvre de Balint lors de son séminaire de 1953-1954 n’est donc nullement circonstancielle ou fortuite, mais motivée par sa volonté de rembourser ses dettes personnelles à une personnalité majeure dont il appréciait beaucoup le soutien professionnel. |
