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Malgré une diminution de l’incidence et surtout de la mortalité, le cancer du sein reste le cancer le plus fréquent et le plus mortel chez la femme. Le dépistage par mammographie demeure le seuil moyen dont l’efficacité pour baisser la mortalité est démontrée chez les femmes de 50 à 74 ans. Depuis 1999, toutes les valaisannes entre 50 et 69 ans sont invitées par le programme cantonal à réaliser une mammographie de dépistage exempte de franchise tous les deux ans (depuis 2019 jusqu’à 74 ans). Des évaluations indépendantes et régulières permettent de s’assurer que la qualité et l’efficacité d’un programme organisé de dépistage répondent à des normes internationales, périodiquement révisées. L’évaluation épidémiologique du programme valaisan a été confiée au Centre universitaire de médecine générale et de santé publique (Unisanté) de Lausanne, en charge de l’évaluation de nombreux programmes de dépistage du cancer en Suisse. Outre les indicateurs classiques de performance d’un programme permettant la comparaison aux normes européennes et à d’autres programmes suisses, ce rapport présente également des indicateurs longitudinaux et des analyses de tendances sur 20 ans de la participation, de la qualité et de l’efficacité du programme valaisan. Pour la première fois, le profil épidémiologique des participantes est exploré et une évaluation des résultats de la qualité du dépistage, stratifié par niveau de densité mammaire, est présentée. Ce rapport décrit l’activité du programme depuis son début en 1999 jusqu’à fin 2021 et explore les principaux indicateurs de fonctionnement pour la période récente 2018-2021 (section 2). L’utilisation du programme (section 3) est analysée pour la période 2018-2021 et de façon longitudinale sur 20 ans. Les analyses longitudinales incluent un nouvel indicateur, la couverture participative individuelle, et identifient les profils de participation au programme et les profils épidémiologiques des participantes. La qualité du dépistage (section 4) est abordée à la fois de manière transversale (2018-2021) et longitudinale avec des calculs de risques cumulés sur 20 ans. L’efficacité du programme (section 5) intègre une comparaison des profils cliniques des cancers dépistés par le programme avec ceux des cancers d’intervalle, des cancers détectés par symptomatologie et des cancers dépistés hors programme. L’activité du programme a augmenté constamment depuis son début. La forte diminution depuis 2018 du nombre de radiologues actifs a permis de satisfaire les seuils annuels de lectures par radiologue recommandés en Suisse dans le cadre d’un programme de dépistage. Le programme communique les résultats de la mammographie dans de très courts délais (5 jours ouvrables en moyenne), mais un peu trop de temps s’écoule entre le résultat de la mammographie et les investigations complémentaires, ainsi qu’entre le dépistage et le début du traitement des cancers dépistés. La participation au programme est de 52% pour les femmes invitées entre 2018 et 2021. Neuf participantes sur dix dans cette période se font dépister régulièrement dans le cadre du programme. Cette fidélisation élevée est corroborée par la forte fréquence de profils participatifs réguliers, avec très peu de participantes occasionnelles. Les tendances temporelles montrent un déclin de la participation depuis une dizaine d’années, avec toutefois des périodes de déclin irrégulier. Des différences régionales considérables persistent dans l’utilisation du programme : les bas-valaisannes sont proportionnellement les plus nombreuses à recourir au programme de dépistage (57%) et les haut-valaisannes les moins nombreuses (48%). La population-cible est couverte environ 60% du temps pendant laquelle elle est éligible (couverture participative individuelle). La qualité radiologique du programme satisfait les normes européennes pour les femmes qui reviennent au dépistage avec 35 mammographies sur 1000 donnant lieu à une reconvocation, dont 30 cas s’avèrent être des fausses alertes. Cependant, la qualité radiologique a connu une péjoration pour les primo-participantes dont les taux de reconvocation et de faux-positifs dépassent nettement les seuils préconisés (95 reconvocations et 88 résultats faux-positifs sur 1000 mammographies). Avec environ 5 cancers dépistés pour 1000 mammographies, le taux de détection est satisfaisant et stable par rapport à 2014-2017. Les femmes avec une densité mammaire élevée (BI-RADS C ou D) ont un risque accru de résultat faux-positif et de cancer d’intervalle. Il ressort de l’analyse des risques cumulés que, sur 100 valaisannes ayant fait 10 dépistages en 20 ans, 27 ont été rappelées pour des investigations complémentaires et 24 ont connu un résultat faussement positif, dont 5 avec investigation invasive. Pour 1000 femmes dépistées entre 2015 et 2017, le programme valaisan enregistre un peu plus de 2 cancers d’intervalle. Leur fréquence relative est satisfaisante dans la deuxième année après le dépistage et proche de la norme dans la première année. Cette fréquence relative a légèrement crû par rapport aux mammographies réalisées entre 2012 et 2014. Les indicateurs d’efficacité (précocité diagnostique) du programme valaisan respectent globalement les normes européennes, à l’exception de la proportion un peu trop élevée de cancers de stade avancé. Un tiers des cancers invasifs dépistés entre 2018 et 2021 sont de taille inférieure ou égale à 10mm et 8 sur 10 n’ont pas d’atteinte ganglionnaire. Si les indicateurs d’efficacité sont stables dans le temps, certains ne satisfont pas systématiquement les normes recommandées (proportion de DCIS, de cancers de stade avancé et de taille inférieure à 10mm, proportion de cancers sans envahissement ganglionnaire et de taille inférieure à 15mm). Le profil pronostique des cancers dépistés par le programme est plus favorable que celui des cancers d’intervalle et des cancers diagnostiqués sur une base symptomatologique. Il est globalement similaire à celui des cancers dépistés hors programme, avec toutefois une proportion un peu plus élevée de tumeurs avec récepteurs hormonaux positifs parmi les cancers dépistés par le programme. En synthèse, les performances du programme valaisan de dépistage entre 2018 et 2021 se résument, pour 10’000 participations, par 9497 résultats normaux (vrais négatifs), 429 résultats faussement positifs, 52 cancers dépistés (5 in situ, 30 de stade précoce et 17 de stade avancé) et 22 cancers d’intervalle. Les performances cumulées sur 20 ans (10 participations) se traduisent, pour 1000 femmes, par 720 qui ne présentent aucune anomalie, 280 qui sont rappelées au moins une fois, dont 225 font l’expérience d’un résultat faux-positif et 55 reçoivent un diagnostic de cancer. Ce rapport est accompagné de deux recommandations : 1) Diminuer rapidement les taux de reconvocation et de faux-positifs en première participation par des mesures de sensibilisation des radiologues. 2) Investiguer les raisons du déclin de la participation, en se concentrant sur la participation initiale. |