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La bioéthique est animée par la volonté d’une reprise en main de la question des fins sur celle des moyens du soin (techniques, dispositifs, institutions). Ainsi, la bioéthique peut-elle se comprendre comme une tentative de juguler le discours de la rationalité instrumentale qui déferle dans le champ de la maîtrise du vivant (environnement, animal, humain) et du monde vécu, en y altérant ou détruisant les fragiles liens de soins mutuels. À cet endroit arrivent les interrogations. La gravité de situations inouïes impose-t-elle une éthique inédite ? N’encourage-t-elle pas une idéologie bioéthique qui instrumentalise l’éthique, dérive allant d’une attention à l’action vers une science de l’action dans une approche procédurale de la décision ? Si la bioéthique s’est bien souvent concentrée sur l’éthique médicale et ne l’a pas toujours articulée avec une réflexion plus générale sur la vie vulnérable considérant la vie en nous, entre et en dehors de nous, peut-elle nous dispenser d’une réflexion plus en amont sur la nature de la raison pratique déployée elle-même sur l’assise d’une anthropologie du soin et de la vulnérabilité ? The aim of bioethics is to subordinate the question of the means of care (technologies, programs, institutions) to that of its ends. It can thus be seen as the attempt to stem the discourse of instrumental rationality that threatens to overrun our mastery of the living (the environment, the animal, the human) and of lived experience of the world through the alteration or destruction of the fragile links of community care. It is here that questions must be asked. Does the gravity of this unprecedented situation call for an unprecedented ethics ? Does this attempt not encourage a form of bioethics that instrumentalizes ethics, problematically shifting attention away from action itself towards a science of action employing a procedural approach to decision-making ? If bioethics has often focused on medical ethics, without articulating this field with a wider reflection on the vulnerability of life, whether in us, between us, or outside of us, can it forego a fundamental reflection on the nature of practical reason, which ultimately rests on an anthropology of care and vulnerability ? |
