Le formalisme russe
Autor: | David Romand, Sergueï Tchougounnikov |
---|---|
Rok vydání: | 2010 |
Předmět: | |
Zdroj: | Cahiers du monde russe. 51:521-546 |
ISSN: | 1777-5388 1252-6576 |
Popis: | ResumeA partir d’une approche comparatiste et resolument contextualiste, nous nous proposons de reinterpreter l’ensemble de la doctrine formaliste au regard de la psychologie allemande du xixe siecle, afin de mieux saisir ses delimitations fondamentales (forme/materiau, sujet/fable, etc.) et de mettre au jour l’existence d’une ligne « ethnopsychologique » dans la constitution du structuralisme europeen. Apres avoir degage les grands traits de la « dominante psychologique » dans le formalisme russe, nous exposerons les principes de la tradition « cognitiviste » allemande dans lequel elle plonge ses racines. Nous nous interesserons ensuite a deux notions centrales du formalisme, celle de langage transmental (zaum’) et celle de geste langagier, en montrant qu’elles sont l’une et l’autre particulierement representatives de cet heritage psychologique. Force est de constater que le formalisme russe s’est montre extremement receptif a la nouvelle conception de la vie psychique elaboree par les psychologues allemands au cours du xixe siecle, tradition de recherche dont les neurosciences cognitives sont aujourd’hui les heritieres. Presente par ses promoteurs, et interprete par la plupart des commentateurs, comme une reaction contre les tendances « psychologistes » du moment, le « programme » formaliste apparait paradoxalement sature de concepts et de termes psychologiques. Ceux-ci constituent un ensemble plus ou moins heteroclite de toute evidence recupere par le biais de l’esthetique et des sciences du langage d’inspiration psychologique de la fin du xixe siecle. Cette etude montre qu’au-dela de leur valeur esthetique propre, les reflexions du formalisme russe reposent en fait sur une psychologie implicite qui ne prend tout son sens qu’au regard de la tradition « cognitiviste » allemande et sa reappropriation par les Geisteswissenschaften. A cet egard, le formalisme russe participe du vaste mouvement de psychologisation des sciences humaines amorce des la moitie du xixe siecle, et qui semble s’etre prolonge bien plus avant dans le xxe siecle qu’on ne le croit d’ordinaire. Le cas emblematique du formalisme russe invite repenser la genealogie du formalisme et du structuralisme europeens en general. |
Databáze: | OpenAIRE |
Externí odkaz: |