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En 1987, Henri Zerner offrait a Andre Chastel une brillante etude sur le frontispice de la cathedrale de Rodez, œuvre savante, expression du « triomphe de la catholicite moderne »1. Son essai se voulait une reponse a la critique severe d’Anthony Blunt qui reprochait a Guillaume Philandrier, l’auteur presume de cette etonnante realisation, d’avoir dans un contexte gothique concu pour le couronnement une facade d’eglise romaine « en avance pour sa date », sans aucun sens de l’echelle ni de la convenance2 ; il demontre comment cette « architecture miniaturisee » s’inscrit en realite parfaitement dans la tradition medievale, qui ignore la separation entre structure et ornement. Il est necessaire d’enrichir cette interpretation a la lumiere des recherches sur Philandrier et sur son patron, le cardinal d’Armagnac. Il fallait en effet un commanditaire exceptionnel et un homme de l’art tout aussi remarquable pour concevoir le frontispice de Rodez. Apres l’election de Jules III Philandrier etait revenu en France avec le cardinal : en juillet 1550 ils etaient a Rodez3, ou l’humaniste choisit de se fixer definitivement (sa presence est en effet attestee en 1554, 1555 et 1556)4. Meme s’il n’accompagna plus Georges d’Armagnac dans la Ville eternelle ou ce dernier sejourna encore de 1554 a 1557 pour preparer l’election du successeur de Jules III, il resta en relations etroites avec le cardinal, qui revint regulierement dans la cite ruthenoise dont il eut la charge jusqu’en 15625. Par son [...] |