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La rareté des archives éditoriales a orienté la première histoire du neuvième art vers une glorieuse succession de chefs-d’œuvre. La patrimonialisation inachevée de la bande dessinée a contribué à n’appréhender son histoire qu’à travers les récits (re)publiés en albums, occultant de très larges pans du passé des narrations graphiques. La numérisation en cours du patrimoine écrit touche la bande dessinée, et affecte les contours de son histoire. Tandis que de vastes corpus sont mis à disposition des chercheuses et des chercheurs en humanités numériques, ce sont les modalités de connaissance de la bande dessinée qui sont en passe de se modifier. Entre projets institutionnels de numérisation de la presse et archives « sauvages », de nouveaux massifs émergent. Des corpus difficilement accessibles sont à présent à portée de clics. Ces projets ont en commun de mettre en tension le patrimoine canonique de la bande dessinée, et d’en proposer une relecture distanciée.Cet article analyse les enjeux que représente cette repatrimonialisation de la bande dessinée. La matérialité des différents supports qui ont permis la transmission patrimoniale de la bande dessinée conditionne des usages, des publics et des enjeux singuliers. Si aujourd’hui les projets de numérisation décloisonnent les corpus, de nombreuses questions subsistent. Face au logocentrisme des outils élaborés en humanités numériques et aux difficultés de sémantiser la bande dessinée, de nombreuses difficultés persistent dans nos pratiques de recherche. The scarcity of editorial archives has oriented the early history of bande dessinée towards a glorious succession of masterpieces. The patrimonialization of the “ninth art” is largely unfinished, as its history is mostly understood through the stories (re)published in albums, obscuring large parts of the past of graphic narratives. The ongoing digitisation of the written heritage also affects comics, and the contours of their history. With vast corpuses being made available to researchers in digital humanities, the ways in which comics are known is transforming. Between institutional press digitisation projects and “wild” archives, new collections are emerging. Collections that were difficult to access are now just a click away. What these projects have in common is that they put the canonical heritage of the “ninth art” in tension and propose a distanced rereading of it.This article analyses the issues involved in this repatrimonialization of comics. The materiality of the different media that have allowed the transmission of the comic strip heritage conditions singular uses, audiences and issues. Although today’s digitisation projects are opening up the corpuses, many questions remain. Faced with the logocentrism of the tools developed in digital humanities and the difficulties of semantising comics, many difficulties persist in our research practices. |