Des microchampignons modèles pour le « biocontrôle »

Autor: Mathilde Gallay-Keller
Přispěvatelé: Laboratoire d'anthropologie sociale (LAS), École des hautes études en sciences sociales (EHESS)-Collège de France (CdF (institution))-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), Patrimoines locaux, Environnement et Globalisation (PALOC), Muséum national d'Histoire naturelle (MNHN)-Institut de Recherche pour le Développement (IRD)-Sorbonne Université (SU)
Rok vydání: 2020
Předmět:
Zdroj: Techniques & Culture
Techniques & Culture, Editions de l'EHESS, 2020, « Biomimétismes », 73
HAL
ISSN: 1952-420X
0248-6016
Popis: International audience; The National Museum of Natural History (Paris) transforms living, natural beings into inert museum objects - herbarium displays or naturalized animals - in order to inventory and classify living things. Within that institution, the collections of the “Biological Resources and Cryopreserved Cells” set have the particularity to preserve the smallest living things (microorganisms, cells and animal tissues) in a latent state, using techniques such as cryopreservation. As they maintain the living in a functional state, they reshape scientific models, techniques and values borrowed from two traditions that are usually opposed in the life sciences: the naturalist tradition and the experimental one.Based on an ethnographic survey, this paper describes in these collections the development of models for "biocontrol" in agronomy, which are a form of biomimicry involving living processes.The case study of a micro-fungus that has become a "biocontroller" capable of stopping wheat disease shows that the biomimetic uses of these collections contribute to the hybridization of naturalistic techniques and experimentation on living organisms. By developing a logic of anticipation of what could happen in nature, as well as a concern for integration into natural cycles, these biomimetic approaches also lead to broaden the aims of the collections: while they remain associated to taxonomic purposes, they become potentially useful and patentable resources for the industry, “reservoirs” of environmental solutions.; Qu’il s’agisse de planches d’herbier ou d’animaux naturalisés, le Muséum national d’Histoire naturelle transforme les êtres vivants de la nature en objets inertes de musée, dans un but d’inventaire et de classification. Au sein de cette institution, les collections appelées « Ressources Biologiques et Cellules cryoconservées » ont la particularité de conserver du « vivant minuscule » à l’état de dormance (microorganismes, cellules et tissus d’animaux), grâce à des techniques telles que la cryoconservation. Parce qu’elles maintiennent le vivant à l’état fonctionnel, ces collections sont le lieu d’une intense reconfiguration de modèles scientifiques, de techniques et de valeurs en provenance de deux traditions habituellement opposées dans les sciences de la vie : la tradition naturaliste et celle expérimentale. À partir d’une enquête ethnographique au Muséum national d’histoire naturelle, cet article décrit dans ces collections le développement de modèles pour le « biocontrôle » en agronomie, qui relèvent d’une forme de biomimétisme portant sur des processus du vivant.L’étude de cas d’un microchampignon devenu un biocontrôleur capable d’enrayer une maladie du blé permet de montrer que les démarches biomimétiques dans ces collections contribuent à l’hybridation des techniques naturalistes et expérimentales sur le vivant. En développant une logique d’anticipation de ce qui pourrait advenir dans la nature, ainsi qu’un souci d’intégration aux cycles naturels, de telles démarches conduisent aussi à élargir les visées de ces collections. Tout en restant un dispositif scientifique de classement de la biodiversité, elles deviennent également des ressources potentiellement utiles pour l’industrie, des « réservoirs » de solutions environnementales.
Databáze: OpenAIRE